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7 ½ fois : regard surpris sur " Cartes à jouer : Piques ".

1. Le théâtre de changement de gène ne doit pas être difficile.

Innover dans le domaine du théâtre, tel est l'objectif du metteur en scène canadien Robert Lepage et de son groupe Ex Machina. Il semble que tout soit inhabituel dans 'Playing Cards : Spades' : le plancher de jeu, l'éclairage, les sièges autour de la scène, les histoires, le jeu des acteurs et le dénouement surprenant.

2) "Cartes à jouer : Piques" montre que les clichés fonctionnent encore.

Jeux d'argent, hôtels de luxe, spectacle, érotisme, fausse romance, lumières séduisantes clignotant de toutes les couleurs, et sur les soi : le personnel laborieux, souvent illégal, pour qui l'argent ne fait pas tilt. Quiconque pense à Las Vegas imagine rapidement ces ingrédients. 'Playing Cards : Spades' en est rempli, ainsi que d'autres choses qui ont déjà été montrées à maintes reprises. Mais Ex Machina lie ces images bien rodées si joliment que tu es curieux des personnages dès le début. Que cherchent-ils à Las Vegas ?

Lorsqu'au début, un physicien et une femme au penchant romantique se marient à Las Vegas, on comprend tout de suite qu'il n'y aura rien entre les deux, mais le discours mielleux de l'officiant de mariage déguisé en Elvis est plein d'esprit et te fait tout de suite sentir que la façon dont les choses vont mal tourner est moins facile à prévoir.

3. Tu vivras Las Vegas différemment.

Quiconque se rend à Las Vegas recherche le conte de fées de l'argent qui coule à flots. La ville du jeu est un endroit isolé. Les nouvelles turbulentes du monde semblent loin. Jusqu'à ce que soudain, la dure réalité se fasse brièvement entendre. Nous sommes en 2003. Le président Bush annonce à la télévision la guerre en Irak. Las Vegas est-elle concernée ? Des fissures apparaissent dans ce petit paradis. Et elles font mal.

Une merveilleuse invention d'Ex Machina est de placer un autre monde fermé à côté de Las Vegas : un faux village irakien dans le désert, où les soldats s'entraînent à rejoindre la vraie guerre. Là aussi règne l'illusion, les apparences du soldat patriote. Et là aussi, la dure réalité frappe quotidiennement à la porte.

4. Le style léger rend la tragédie d'autant plus poignante.

Dans une succession rapide de scènes, nous voyons s'entrecroiser les histoires d'un grand groupe de personnes. Toutes semblent traîner derrière elles leur détresse et leur aspiration à la rédemption. Et toutes tombent dans le tourbillon mortel de la déception. La femme nouvellement mariée tombe bientôt amoureuse d'un homme excitant portant un chapeau de cow-boy. Le producteur d'une société de télévision se débat avec des problèmes d'argent qui l'étranglent. Des soldats en herbe s'affaissent sous les rugissements et les intimidations du commandant. Une femme de chambre est malade mais aussi illégale et ne peut donc pas aller chez le médecin. Et un vague hippie aux tendances occultes erre dans le désert sombre qui l'entoure. L'endroit fourmille donc de gens, tous avec leurs histoires de vie désastreuses. Tu te laisses entraîner avec joie dans ce monde et, avant même de t'en rendre compte, tu ressens à quel point les limites de ce petit monde se révèlent être un étau de plus en plus serré.

Toute cette foule de personnes est jouée par seulement six acteurs. Ils parviennent à donner à chacun d'eux son propre caractère, des personnes vraiment en chair et en os. C'est une grande réussite.

5. Le tissu de l'histoire est brillamment réalisé.

C'est incroyable de voir à quel point les histoires s'entremêlent. Il se passe tellement de choses et pourtant tout est clair, grâce à une structure sûre. Tout se fond dans le flux qui, à un moment donné, atteint un point où l'on se sent : on est aspiré par une cascade inéluctable.

Photo Érick Labbé
Photo Érick Labbé

6. Il est rare qu'un décor contribue autant à la tension d'un spectacle.

La scène consiste en une élévation circulaire, avec toutes sortes de trappes par lesquelles des personnages, des meubles, des bars entiers, des chambres d'hôtel et une piscine sortent et rentrent, avec des portes qui se redressent et se rabattent lorsque c'est nécessaire (un élément amusant permanent, avec une illusion d'espace ingénieuse) et avec un anneau extérieur rotatif. Sous terre, les joueurs doivent suivre un itinéraire soigneusement tracé pour émerger au bon endroit, au bon moment, dans les bons vêtements et avec les bons accessoires. Le public est assis de tous les côtés de la scène. Cela donne une impression de transparence. Tout est visible de tous les côtés. Et c'est précisément cette transparence qui t'entraîne dans les destins qui défilent. Même toi, tu t'imagines un instant l'un des joueurs à la table de jeu éclairée par une lumière chaude.

7. Les frontières des drames personnels sont ouvertes.

Pour de nombreux personnages, leur séjour à Las Vegas se termine de façon désastreuse. Tu vois un mélange passionnant de fatalisme et de choses qui se révèlent finalement pas si mal. La féerie de l'argent et la fuite en avant dans le romantisme sont de plus en plus pinçantes. Les gens en sont réduits à mourir. Mais ensuite, Lepage brise les limites de toutes ces histoires concrètes et opte pour un rebondissement absurde, qui est pourtant tout à fait crédible. L'homme de télévision semble sauvé. Il a fait un gros coup dans la salle de jeu. Mais au lieu de rentrer chez lui, il choisit de s'enfoncer dans le désert. Étrange décision. Ce qui se passe dans son cerveau est un mystère. Tout ce qui le protège est décortiqué. Errer nu dans le désert : quelle image ! C'est alors qu'il rencontre le hippie flou. Ce n'est qu'à ce moment-là que les frontières de son cerveau s'ouvrent vraiment.

Photo : Érick Labbé
Photo : Érick Labbé

7 1/2. Les nostalgiques seront également comblés.

Tout au long de la représentation, tu ressens le symbolisme du destin des personnages du jeu de cartes. 'Playing Cards : Spades' est la première partie d'une pièce de théâtre en quatre parties basée sur le jeu de cartes. Les piques représentent la guerre et la violence. La scène dans laquelle l'imitateur d'Elvis interprète la version américaine de la "chanson parlée" "Het kaartspel", autrefois interprétée en néerlandais par Cowboy Gerard, est un moment merveilleusement réaliste. Un mélange doux comme de la mélasse de sentimentalité militaire, de mélancolie cow-boy et de bon vieux martèlement de la Bible. C'est une invention brillante que de sortir cette chanson attachante de la poussière dans ce spectacle.

Tu veux en savoir plus ?
A voir : 4 et 5 juin, Westergasfabriek, Gashouder, 20h.

 

1 commentaire pour "7 ½ fois : regard surpris sur " Cartes à jouer : Piques "."

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Maarten Baanders

Journaliste artistique free-lance au Leidsch Dagblad. Jusqu'en juin 2012, employée du marketing et des relations publiques au LAKtheater de Leiden.Voir les messages de l'auteur

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