Que serait la fin d'une année sans listes de favoris ? Par conséquent, voici ma sélection des trois meilleurs CD/DVD de 2014.
1. Unsuk Chin : 3 Concertos
Le Coréen-Allemand Unsuk Chin compte parmi les plus importants compositeurs de notre époque. Elle a été récompensée à de nombreuses reprises, notamment par le prestigieux prix Grawemeyer (2004) et le non moins important prix sud-coréen Ho-Am (2012).
Sur ce CD de Deutsche Grammophon, l'orchestre philharmonique de Séoul dirigé par Myung-Whun Chung présente trois concertos, pour piano, violoncelle et sheng. Aussi différents soient-ils, il y a une constante : le penchant de Chin à mélanger sérieux et divertissement.
Dans le concerto pour piano de 1997, le soliste (Sunwook Kim) juxtapose tantôt des parties virtuoses infiniment rapides à un orchestre tout aussi vif et agité, tantôt des fragments de mélodies rêveuses à un champ sonore orchestral statique.
Cette atmosphère allusive est encore plus prononcée dans la pièce composée en 2009. Šupour sheng et orchestre. Le son de cet orgue à bouche chinois s'apparente quelque peu à celui de l'accordéon occidental, et Chin exploite au maximum son pouvoir de prestidigitation. Le célèbre joueur de sheng Wu Wei interprète ses motifs souvent glissants et longuement retenus avec une maîtrise admirable. L'orchestre apparaît progressivement comme une sorte de supersheng, soutenant et complétant le soliste, mais essayant aussi parfois de prendre le dessus avec des passages de percussion bruyants.
Le concerto pour violoncelle (2009/révision 2013) composé pour le violoncelliste allemand Alban Gerhardt s'associe à l'album de l'artiste. pansoriLe violoncelle est une tradition théâtrale coréenne dans laquelle les passages parlés et chantés alternent. Dans le premier mouvement, le violoncelle commence par des lignes mélodiques intensément lyriques ponctuées par de courtes exclamations de l'orchestre. S'ensuit un climax diabolique, au cours duquel Gerhardt produit des courses ultra-rapides sur tout le spectre de son instrument, sans déraper un seul instant. Le concert se termine dans la même atmosphère de rêve qu'au début. Tous les morceaux sont interprétés de manière exemplaire ; le CD est un must pour les amateurs de musique chinoise.
2. Fie Schouten : L'échelle de l'évasion 11
Chin est également représenté sur le CD solo Échelle sur l'échappée 11Le clarinettiste bassiste de l'Université d'Ottawa Fie Schouten sorti sur le label Attacca. Grâce à la médiation de votre serviteur, elle a reçu l'autorisation de Chin de jouer un extrait de son opéra. Alice au pays des merveilles comme en solo performer. C'est ainsi qu'est née la pièce de huit minutes Conseils d'une chenille. Il s'agit d'un morceau entraînant, qui capture les caprices du mille-pattes dans les cabrioles aventureuses et pleines d'esprit de la clarinette basse. Des lignes trépidantes et rebondissantes, des grognements profonds et des éclats stridents évoquent un pays magique où les animaux parlent et où les gens doivent écouter. Schouten joue avec beaucoup d'habileté, passant sans effort de passages lyriques à des passages plus agressifs.
Belle est aussi Article 7, sept façons de gravir une montagne de Rozalie Hirs, dans laquelle des mélodies et des trilles plus lents et plus rapides, dans des registres toujours différents, sont intégrés dans un paysage sonore électronique. Ce dernier, avec ses hurlements prolongés, doucement descendants et ascendants, crée un contrepoint presque troublant pour la partie de clarinette, en particulier lorsque des interférences de quarts de ton se produisent avec les harmoniques.
Dans les morceaux de Mauricio Kagel, Robin de Raaff et Karlheinz Stockhausen, Schouten se montre également un digne successeur de son professeur Harry Sparnaay. Comme un véritable joueur de flûte de Hamelin, elle t'emmène dans un voyage fascinant à travers tous les timbres imaginables et les atmosphères émotionnelles qu'une clarinette basse peut évoquer.
3. Hans Kox : Die Todesfrau
Le compositeur Hans Kox a longtemps été en disgrâce, car il refusait de composer de la musique atonale et sérielle. Opposé aux mœurs de son époque, il a continué à développer son propre style, en s'appuyant sur la tradition musicale sans tomber dans un quelconque néo-style. C'est aussi à Attacca Le CD/DVD publié illustre bien l'expressivité de son langage tonal.
Die Todesfrau pour trois voix solistes, chœur de chambre, flûte et violoncelle est d'une beauté poignante. Pour cette œuvre, Kox s'est inspiré de la nouvelle Das Gericht des Meeres Elle a été créée par Gertrud von le Fort et a écrit le texte elle-même, en collaboration avec Jan van der Lugt. Cette légende dramatique traite de la culpabilité et du pardon. Anne, qui peut provoquer la mort avec une berceuse, choisit d'épargner l'enfant de la reine meurtrière et de se noyer.
Die Todesfrau évoque un échantillon d'émotions. Les mélodies mélancoliques des solistes alternent avec les exclamations troublées du chœur. Des lignes évocatrices de flûte et de violoncelle semblent dépeindre les vagues de l'eau. Parfois, des harmonies conciliantes retentissent, à d'autres moments, le chœur marmonnant évoque l'atmosphère d'une séance, au cours de laquelle les personnes présentes semblent vouloir exorciser leurs peurs.
Comme Kox insère beaucoup de silence et que les solistes sont souvent accompagnés d'un seul instrument, il se crée un énorme espace. Parfois, le texte est également parlé, ce qui crée une atmosphère encore plus intime. Malheureusement, l'allemand du baryton Kees Jan de Koning laisse un peu à désirer dans ces moments-là. Sinon, cette œuvre variée et magnifiquement cohérente est interprétée de manière exemplaire par la flûtiste Abbie de Quant, la violoncelliste Pamela Smits et le Nederlands Kamerkoor sous la direction de Klaas Stok. Aussi Les monologues de Lalage et le Les alliés de Gedächtnis valent la peine d'être regardées. En bonus, un DVD est inclus avec un documentaire informatif sur Hans Kox par Arjen Vlakveld et Henk van der Meulen.
Nous te souhaitons de bonnes vacances de Noël, pleines de plaisir d'écoute et de visionnage !