Lorsque le parking du théâtre Zuiderstrand est plein lors d'une avant-première, tu sais qu'il se passe quelque chose d'excitant à l'intérieur. Et c'est vrai : Isabelle Beernaert et son ensemble présentent la nouvelle production. Sous ma peau. La danse comme un compte Instagram : populaire, photogénique et éphémère.
Femme
En fait, la danse est comme un Pinterest-compte. Parce qu'il semble que ce soit surtout pour les femmes. Et il y a beaucoup de femmes dans Sous ma peau. Cela commence avec une déesse, une figure maternelle qui se tient debout avec une grande robe sur la scène, et se poursuit dans la danse avec de nombreuses femmes qui se languissent - et des hommes à l'air dur qui n'ont en fait pas grand-chose à apporter. Sauf pour Remses Rafaela.
Sous ma peau est à propos de "quelque chose de plus élevé : quelque chose qui captive tout notre être". Je suis tout à fait ouvert à cela, mais je ne comprends pas tout à fait : pratiquement, cela tourne principalement autour de Remses. Il est le personnage central, le mâle alpha qui conquiert de multiples femmes. À ce titre, il est physiquement en pleine forme et fait preuve d'une maîtrise inégalée des sauts acrobatiques : comme s'il restait suspendu en l'air et décidait lui-même du moment de l'atterrissage. À la fin, lui aussi se brise, une fois que son homologue Dimitra Kolokouri disparaît du champ de vision.
Selon lui. D'après elle.
Mais je m'interroge : si j'avais été une femme, j'aurais pu écrire que le spectacle concerne surtout Dimitra. Elle entre en relation, ressent un appel, y répond de manière terreuse (avec des mouvements de mains suggestifs dans les zones érogènes) et se retrouve finalement dans la pluie purificatrice. Développer le spectateur en soi ajoute de nouvelles dimensions
IMAX
Les danseurs sont accompagnés par une immense projection sur la toile de fond, qui t'emmène dans différents mondes : canyons sauvages, forêts, coucher de soleil, sous l'eau. Cela produit de belles images mais nuit aussi à la danse. Isabelle Beernaert est en fait devenue célèbre grâce aux chefs-d'œuvre qu'elle a chorégraphiés pour Si tu penses que tu peux danser. En un mot, elle a été capable de dépeindre une douleur amère et de connecter le public avec elle.
Toucher doux
Sous ma peau n'a pas la profondeur amère d'un misérable bon film français. Malgré les chansons françaises et l'abondance de drame dans le choix de la musique pour les courtes pièces de danse : de Mozart (le célèbre A-dur Adagio) à Les moulins de mon coeur. C'est bien là le problème : Isabelle Beernaert ne veut plus secouer les gens. Ce n'est qu'en se rendant vulnérable que l'on trouve l'amour. Une approche douce, en d'autres termes. Le public est impressionné et ovationne les danseurs. Beernaert sait comment mobiliser le public. C'est astucieux. Et cela sans subvention. Déjà la cinquième année consécutive.
Comme Instagram. Tout le monde n'arrête pas de le regarder.
Va sur le site programme de jeuVendredi 13 novembre, la première de Under My Skin aura lieu.