On peut se demander ce que contient l'eau potable de Tilburg Noord. Comment les six acteurs de la troupe de Het Zuidelijk Toneel de Tilburg puisent-ils leur énergie débridée ? Ou bien est-ce la fumée hallucinante de l'usine d'asphalte qui constitue la toile de fond de Not Quixote ? La littérature mondiale sous acide est depuis longtemps l'argument de vente unique de la compagnie théâtrale du Brabant, subventionnée par l'État, et je dois avouer que c'est la première fois que j'y suis confronté, mais quel état noueux ils savent en faire, sous la direction inspirée de Sarah Moeremans.
Le festival de théâtre Boulevard à Den Bosch s'est doté d'un nouveau lieu, le parking de De Gruyterfabriek, pour les représentations spéciales qu'il propose - surtout cette année - hors des sentiers battus du théâtre cossu. Guidés par Frits van de Bussen, les spectateurs partent en voyage, mais ce voyage fait déjà partie de la représentation. Certainement à 'Not Quixote'.
Une énergie ridicule
Het Zuidelijk Toneel et l'écrivain Joachim Robbrecht se sont associés pour le déconstruire. Le chef-d'œuvre de Cervantès, vieux de 400 ans, qui raconte l'histoire d'un rat de bibliothèque qui en vient à croire en sa propre fantaisie et part en guerre contre le monde en tant que preux chevalier en fer-blanc et sur un cheval branlant, a été transposé au XXIe siècle, où un Q a acquis le statut de légende en confondant sa camionnette avec un semi-remorque de 40 tonnes.
La création de légendes est l'objectif des six joueurs, et ils le font avec une énergie si ridicule qu'on en a parfois le vertige depuis les gradins. C'est aussi un peu trop : ces microphones émetteurs devraient permettre de chuchoter sur place, mais ils crient si fort qu'on se demande s'ils n'auraient pas pu laisser ces saloperies à la maison. C'est devenu un peu lassant par moments, au détriment de la subtilité et de l'amusement entre les conneries grotesques.
Plus de JOMO
Plus tôt dans la journée, le calme régnait à l'endroit magnifiquement serein de "Somewhere". Là, avec des lunettes VR sur la tête, vous expérimentez ce que c'est que de ne pas pouvoir participer, de regarder les enfants partir jouer au loin et d'être attaché à votre place.
D'ailleurs, cela ne m'a pas dérangé à l'époque. Contre le fomo (fear of missing out) aplati qui oblige de nombreux membres de la génération Z à prendre tous ensemble la même photo, nous avons maintenant, heureusement, le jomo (la peur de manquer). la joie de manquer) : le sentiment bienheureux de ne pas avoir à participer pendant un certain temps cette fois-ci, de pouvoir quitter l'embouteillage des vacances et de ne pas avoir à subir les indignités d'un quelconque bureau de douane.
Donc, même pour ce genre de choses, vous allez à Boulevard au lieu d'être en vacances. Avec la flamme dans le tuyau. Et puis, on ne peut jamais tout voir là-bas. C'est beau.