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De Keersemaeker purifie les oreilles avec sa danse, mais comment maintenir une expérience aussi pure ? #hf10

 Par Maarten Baanders (photo par Herman Sorgeloos)

Calmement, nous nous tenons à la porte de la salle. Un peu comme si Festival de Hollande est une corvée. Personne ne se doute que dans quelques minutes, l'existence sera réduite à presque rien. Cela commence par l'obscurité. Le silence. Pendant des minutes. Des bruits de pas souples se font entendre. Les oreilles s'y accordent en détail. Il y a un chant. Le Lied von der Erde de Mahler, annonçait le livret du programme de Keeping Still - part I, mais ce que tu entends n'est que la voix de la chorégraphe/danseuse. Anne Teresa de Keersmaeker. Il n'en faut pas plus.
Soudain, un faisceau lumineux apparaît. Rarement la lumière n'a été aussi tangible. De Keersmaeker pose sa main dessus, y pousse sa jambe, dessine des lignes d'ombre avec sa tête et ses bras.
Un moment dramatique suit lorsqu'elle entre en collision avec le danseur David Hernandez. La collision conduit à une étreinte puis à des mouvements plus audibles que visibles et donc inquiétants.
De Keersmaeker réduit son environnement à l'essentiel, puis construit quelque chose. Les volets s'ouvrent. La lumière du jour entre à flots. De Keersmaeker danse. Quel art phénoménal du mouvement ! Avec une souplesse magistrale, elle donne de la subtilité aux mouvements clairs et simples. Une personnalité envahit la pièce.
Puis un enregistrement de la composition de Mahler retentit quand même. C'est de la mélancolie bien lavée. De Keersmaeker en est remplie. Pendant un instant, l'écoute menace de s'arrêter, mais elle se rattrape vite avec de nouveaux mouvements un peu plus lumineux. À la fin, elle s'assoit parmi le public et regarde l'immense espace vide. Tu la regardes avec elle, émerveillé. Cet espace, c'est elle.
Ce spectacle, avec toute sa poésie, a un message très prosaïque : nous devons faire attention à l'environnement. Les plus petites choses sont précieuses. Une voix d'enfant lit un texte sur le respect de la terre. Cela pourrait être platement moralisateur, mais il est toujours bon d'entendre cela avec des oreilles dégagées.
À l'extérieur du hall, la vie normale nous attend. Nous quittons le bâtiment aussi calmement que nous y sommes entrés. Les terrasses du terrain de la Westergasfabriek sont baignées d'un soleil exubérant. Le faisceau de lumière de la représentation ne peut rivaliser avec cela. Reste-t-il quelque chose de la fragile nervosité du spectacle ? On ne le remarque pas. Mais Anne Teresa revient deux fois de plus au Festival de Hollande. Qu'adviendra-t-il du début qu'elle a créé ce soir ?

Anne Teresa de Keersmaeker et Ann Veronica Janssens (conception des lumières), Keeping Still - part I. Vu : 2 juin, Transformatorhuis, Westergasfabriek. Encore à voir sur place : 4 juin

Suite :
The Song, 5 et 6 juin, théâtre musical Amsterdam
3Abschied, les 12 et 13 juin, Stadsschouwburg Amsterdam

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Maarten Baanders

Journaliste artistique free-lance au Leidsch Dagblad. Jusqu'en juin 2012, employée du marketing et des relations publiques au LAKtheater de Leiden.Voir les messages de l'auteur

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