"On dirait une série de livres !" a lancé ma femme avec une certaine horreur en voyant la couverture de "La vengeance d'Iphigénie". Et oui, il faut bien le dire : au format livre, l'affiche de la dernière production théâtrale du Theatre Group Alum est un peu trop tirée par les cheveux. Au vu de l'affiche A0, tu ne l'aurais jamais pensé. En effet : ces affiches d'Aluin sont toujours méga-grandes, fortes et "dignes d'un grand théâtre", alors que le Theatre Group Aluin, fondé il y a 20 ans par le metteur en scène Erik Snel, est toujours resté petit par principe. La compagnie d'Utrecht a toujours joué dans de petits théâtres et a pris pour acquis cette moindre chance de gains élevés en faisant toujours le maximum en matière de publicité. Même si cela reste difficile lorsque ce n'est pas Amsterdam qui est votre port d'attache, mais Utrecht.
Dans son port d'attache d'Utrecht, un ancien bâtiment ferroviaire situé sur le chantier NS/prorail au nord de la gare centrale d'Utrecht, Aluin a fêté son 20e anniversaire le dernier week-end de janvier. Harm Lambers, directeur du Kikker, un autre grand petit théâtre d'Utrecht, a été invité à cette commémoration parce qu'il était là depuis le début. Les initiés ont ressenti la perte d'Arnold Meulenbeld, alors patron de café et aujourd'hui restaurateur, dans le café duquel De Bastaard Aluin a fait ses débuts en 1991 avec une belle adaptation de "La bête dans la jungle" d'Henry James. Mais Meulenbeld a fort à faire avec Deeg, son excellent restaurant bio situé dans le quartier des musées d'Utrecht. Je n'ai pas de parts, mais je l'ai visité l'autre jour et c'était excellent. Les choses se développent, et parfois, c'est à part.
Back to birthday : The Revenge of Ifigeneia peut sembler être une série de livres en tant que livre, mais en tant que spectacle, c'est un Alum typique. Un thème classique, élaboré dans le respect des anciens mais suffisamment relativisé pour un (jeune) public néerlandais peu enclin à s'engraisser sur les dieux et les héros. Erik Snel a écrit le texte et laissé la mise en scène à la promotrice du Leidsche Rijn, Daphne de Bruijn, ce qui donne un spectacle aux traits cabarets qui stimule l'intellect plus qu'il ne touche l'âme. Ce n'est pas si mal : Dennis Coenen interprète le vétéran de guerre Agamemnon qui, à son retour de la guerre, découvre que sa femme ne le trompe pas seulement avec le voisin, mais qu'elle veut aussi le punir durement pour le sacrifice qu'il a dû faire au début de la guerre : leur propre petite fille Ifigeneia.
L'histoire est du grec classique, un numéro de pause entre la description par Homère de la destruction de Troie et l'histoire tachée de sang d'Oreste, le fils qui retourne en arrière pour se venger du meurtre d'Agamemnon par sa mère. Non pas qu'Erik Snel soit arrogant au point d'ajouter, avec La vengeance d'Ifigénie, une nouvelle tragédie à l'impressionnant répertoire que les Grecs nous ont laissé il y a 2 500 ans. Il ne fait que jouer avec l'idée de ce que serait réellement ce moment entre le retour à la maison et le meurtre. Eh bien : les personnages secondaires s'avèrent être des personnages secondaires et les époux meurtriers sont inébranlables dans leur pulsion de mort. Cela leur donne l'occasion d'expliquer correctement pourquoi ils font ce qu'ils ont fait et ce qu'ils vont faire, et Agamemnon en particulier a l'occasion de raconter dans un beau monologue comment il a dû faire ce qu'un homme devait faire.
Tu découvres dans les dernières secondes que la pièce aurait dû avoir un autre titre. La revanche d'ifigeneia devrait en fait s'appeler "Ifigeneia doit mourir". Va voir, à partir de septembre 2011, pourquoi.
Vu : The Revenge of Ifigeneia par Theatre Group Alum le 28 janvier 2011. Tournée de reprise à partir de septembre 2011. Renseignements : www.aluin.nl