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'Je veux faire revivre à l'agresseur la mort de sa victime.' Jens van Daele fait de la danse à partir d'un projet artistique cruellement perturbé.

Photo : Judith Zwikker

Jens van Daele conclut sa série de chorégraphies sur les sept péchés capitaux avec la performance Brides for Peace. Cette pièce s'inspire de la performance artistique Brides on Tour des artistes italiennes Pippa Bacca et Silvia Moro. Faisant de l'auto-stop, vêtues de robes de mariée et portant le texte "Peace" sur leur poitrine, elles ont voyagé de Milan à Jérusalem en 2008.

Le voyage n'est allé que jusqu'en Turquie, où l'une d'entre elles, Pippa Bacca, a été violée et assassinée. Quand on demande au chorégraphe Van Daele ce qui lui est passé par la tête en apprenant cette nouvelle, il répond : "L'image dramatique de cette femme voyageuse perdant la vie dans cette robe lors de sa mission de paix". Une image qui, selon lui, contient les péchés capitaux que sont la luxure et la cupidité. Il place le meurtre sous la convoitise de son auteur. L'avidité sous la volonté des femmes. "Attention, explique-t-il, il ne s'agit pas d'une cupidité de mauvais aloi ! Parce que ces femmes, malgré leur idéal, voulaient quelque chose qui, malheureusement, ne va pas dans cette société... En tant que femme auto-stoppeuse, vous êtes très vulnérable dans ce monde."

Au départ, Van Daele avait envisagé de faire de Brides for Peace un spectacle à caractère documentaire. Cependant, la coopération requise de la part des personnes impliquées ne s'est pas concrétisée. La période précédant la fin du spectacle s'est également révélée peu claire. Pippa aurait interrompu la performance au milieu du voyage, dit au revoir à Moro et continué seule. Selon l'artiste Moro, l'événement est devenu l'histoire d'un viol "ordinaire". Un acte dont de nombreuses femmes sont victimes chaque jour.

En bref, la réalité s'est avérée sensible et complexe et ne pouvait pas guider une émission à caractère factuel. "C'est ainsi que mon histoire s'est arrêtée", répond Van Daele. "Je pensais que la mission de paix, que ces femmes étaient en robe de mariée, était une idée si belle et si forte. Elle m'était devenue si familière que j'ai décidé de poursuivre avec les idées que j'avais développées à l'époque". M. Van Daele estime qu'il est important que ses danseurs soient en mesure d'exprimer leur vérité personnelle dans le spectacle. Il a demandé aux danseuses Patricia van Deutekom, Angela Herenda et Tanja Marín Friðjónsdóttir ce qu'elles pensaient de ce voyage.

L'une, parce qu'elle aurait terriblement peur, ne le ferait certainement pas. L'autre était contre l'idée mais n'osait pas s'exprimer car elle craignait que la société ne pense que c'est possible. Et la troisième était à cent pour cent pour. Elle irait jusqu'au bout et continuerait jusqu'à ce que le but soit atteint. Dans la chorégraphie, cette peur, cette hésitation et cette persévérance ont fini par devenir des éléments importants. "Et le tueur est sur scène", dit Van Daele, qui trouve cela à la fois délicat. "Après tout, je ne veux pas que les deux mondes de la beauté de l'idée et du viol se rencontrent physiquement. Je veux faire revivre à l'agresseur la mort de sa victime". Dans cinq monologues écrits par Pieter de Buysser, le tueur fait un triste aveu de culpabilité. Les femmes restent immobiles, retenant leur souffle. Jusqu'à ce qu'elles n'en puissent plus. Van Daele les fait alors réanimer en leur insufflant littéralement la vie. Au rythme du voyage, représenté en arrière-plan par les routes qui défilent, Van Daele veut poursuivre l'idée de Brides on Tour. Rendre hommage à l'idéal des deux artistes.

Plus d'infos : www.allesvoordekunsten.nl

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