"Tu es mon rayon de soleil", chante une femme tout doucement. Pendant ce temps, le public est assis dans l'obscurité totale. Nous sommes pris au piège. Bannis dans un abri qui, semble-t-il, n'a soudain plus de sortie.
C'est un véritable abri antiatomique dans lequel l'homme de théâtre Davy Pieters présente son spectacle Helium. Abri 313 à la base aérienne Soesterberg servait autrefois de refuge au personnel. Nous y sommes entrés par un passage étroit et nous regardons maintenant en bas depuis une tribune élevée.
Là, une lumière s'allume. Le visage d'un homme sur un lit devient visible. De plus en plus de lumières s'allument et de plus en plus de lits sont visibles, des lits dans lesquels des gens dorment. Une femme, la chanteuse, se réveille. Elle se dirige vers le lit de quelqu'un d'autre et le secoue. La créature n'émet aucun son. S'agit-il parfois d'une personne décédée ?
Et ces autres personnages couchés sur le côté, en réalité des poupées en tissu, sont-ils également en cours de réalisation ?
Si c'est vrai, alors les deux femmes et l'homme qui quittent leur lit sont les seuls survivants d'un groupe qui a survécu à une catastrophe antérieure. Ces trois personnes sont en mauvais état. Ils n'ont presque plus rien à manger, tout comme l'eau.
C'est du moins ce que suggère Davy Pieters. Il n'est pas question de mots précis. Mais des gestes, exécutés lentement, des gestes qui laissent une part à l'imagination. De cette façon, le public crée sa propre histoire. Pieters nous donne un coup de pouce en n'évitant pas les émotions fortes. Il y a des pleurs, des cris et, en guise de contrepoint plein d'espoir, des danses frénétiques. Ces explosions d'émotions ne sont pas bon marché. Elles surviennent à des moments inattendus et te font peur à chaque fois, oui, même cette danse idiote.
Le plus grand choc, curieusement, est un moment qui aurait pu être merveilleux, pour les habitants du bunker. Un mur de l'abri se fend et la lumière du jour entre à flots. Mais la femme qui s'aventure à l'extérieur ne peut pas profiter de sa liberté. Elle s'enfuit à nouveau, cette fois-ci non pas dans l'abri mais dans les bois de Soesterberg.
Davy Pieters a remporté le premier prix lors du concours de cette année. Académie d'art dramatique de Maastrichtoù elle a également étudié. Les juges ont bien vu que Pieters a beaucoup d'empathie pour les personnes en situation extrême. Elle est sérieuse mais se permet tout de même quelques blagues. Et un soupçon de poésie.
Une armoire s'ouvre et les plus beaux ballons flottent, des ballons aux couleurs vives. Comme ça, le gris foncé du bunker est tout juste tolérable.
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