Peter de Graef n'est pas seulement un merveilleux acteur, il sait aussi raconter des histoires passionnantes. Il apporte également ce talent avec lui en tant qu'écrivain. Ainsi, dans Boiling Frog, le spectacle actuellement en tournée aux Pays-Bas, il y a six Peter de Graefs sur scène, et ce n'est pas une punition. D'autant plus que parmi ces six Peter de Graefs, il y a aussi Maria Kraakman ou Sanne den Hartog. Ou s'appellent Bianca van der Schoot.
On pourrait alors penser que les choses vont si mal dans le monde bancaire qu'elles font l'objet d'une pièce de théâtre, mais dans le secteur du carrelage, c'est encore pire. Alors que la Nationale Toneel a adapté pour la scène le best-seller De Prooi sur la chute de Rijkman Groenink, le dirigeant d'ABN-AMRO, Peter de Graef s'est attelé à l'histoire de l'illustre famille de carreleurs Berkema. Une famille qui, heureusement, n'existe que dans l'imagination.
Les Berkemas sont dans le carrelage depuis si longtemps que même en 2017, leurs intérieurs ressemblent beaucoup à ce qu'ils étaient dans les années de leur fondation, il y a d'innombrables générations. Ils ne changeront pas, les matron familias garantie. Bianca van der Schoot, plus connue sous le nom de Bogaert & Van der Schoot, représente magnifiquement cette intransigeance abrupte avec un corps de dragon magnifiquement informe.
L'histoire n'a pas vraiment d'importance dans Boiling Frog. En tout cas, il est inutile de résumer ici les nombreux rebondissements, les relations difficiles et les solutions bizarres. Ce qu'il faut retenir, c'est que Peter de Graef veut surtout faire comprendre que certaines choses ne changeront jamais, même si, avec lui aussi, on n'en est jamais tout à fait sûr.
C'est donc la façon dont les acteurs racontent l'histoire qui rend le spectacle vraiment agréable. Bien sûr, ils font du théâtre, mais ils vérifient aussi régulièrement si nous, les spectateurs, comprenons encore tout, et ce de manière très décontractée. Il s'agit d'un style de jeu convivial que Peter de Graef, en tant que soliste, maîtrise à la perfection.
Il est agréable que le metteur en scène Eric Whien ait réussi à transmettre cette manière ouverte de jouer aux acteurs du Toneelroep Oostpool. Ainsi, même les théories philosophiques les plus compliquées deviennent accessibles, ce qui en fait un passe-temps tout aussi instructif qu'agréable, pendant les trois heures que dure la pièce, entracte compris.
Vu : le 14 mars au Theatre Kikker, Utrecht. Plus d'informations et playlist : www.toneelgroepoostpool.nl