Les longs métrages documentaires présentés au Festival du film néerlandais sont de bonne qualité. Ce sont des histoires extraordinaires, parfois surprenantes, parfois pénétrantes, parfois propices à de nombreuses discussions, et presque toutes très bien filmées. Nous souhaitons au jury beaucoup de sagesse.
Le documentaire nominé "Les règles de Matthijs" est intéressant pour tout le monde, mais devrait être un visionnage obligatoire pour les travailleurs sociaux, les officiers de police, les infirmières et les avocats. Le film offre un aperçu unique de l'esprit d'un homme intelligent et autiste, Matthijs.
Le réalisateur Marc Schmidt explique au début du documentaire à son ami d'enfance Matthijs que l'intention du film est de montrer comment il voit Matthijs. Ce dernier, à son tour, trouve cela suffisamment intéressant pour faire le sacrifice qui lui est demandé. Il soupire : "C'est bien, mais ce n'est pas rien".
Tout au long du film, Matthijs regarde droit dans la caméra et explique en termes clairs pourquoi le monde des non-autistes ne peut pas être compris par lui, même s'il fait beaucoup d'efforts. Avec ses commentaires intelligents, il entraîne le spectateur dans le fil de ses pensées. Les plans très rapprochés et bien choisis renforcent ce sentiment.
Matthijs fait des choses étranges à première vue mais qui, en y regardant de plus près, constituent une stratégie de survie compréhensible. Par exemple, il dessine méticuleusement toute sa maison et note tout ce qu'il fait et ce qu'il ressent, parfois heure par heure. Cela représente beaucoup de travail, c'est pourquoi il utilise un système de chiffres qui lui permet d'écrire une date en trois lettres. Il enregistre ses propres appels téléphoniques et les écoute ensuite. Il espère ainsi découvrir les intentions cachées des gens lorsqu'ils disent quelque chose. 'Je prends toujours ce que les gens disent au pied de la lettre. Et c'est alors que les choses tournent mal.'
Matthijs est pris au piège de sa propre logique. Et sa stratégie de survie ne fonctionne pas ; il n'arrive pas à maîtriser le désordre ahurissant qui règne dans sa maison, ce qui entraîne une détérioration de ses relations avec l'association de logement.
La particularité de ce film est qu'en raison de sa relation avec le protagoniste, Marc Schmidt est le seul qui aurait pu le réaliser. Matthijs lui fait confiance : "Toi non plus, tu ne dis jamais exactement ce que tu veux dire, mais je sais lire en toi, parce que ton visage montre avec insistance ton intention". Il le laisse donc tout filmer, y compris les moments les moins importants. Il en résulte un portrait pénétrant qui restera longtemps dans la tête du spectateur.