Aussi grand que le music-hall ! Ainsi donc, ce Russe était puissamment riche. De plus, il avait bon goût. Peut-être était-il aussi visionnaire, car ce qu'il a acheté plus tard s'est avéré être d'une grande importance pour l'histoire de l'art.
La nouvelle exposition "Gauguin, Bonnard Denis. Un amour russe pour l'art français' montre ce qu'il collectionnait. Et il n'était pas le seul. Sergei Shchukin était un autre collectionneur d'art qui était tout aussi captivé par l'art moderne français au tournant du siècle dernier. La plupart des toiles de cette exposition proviennent de la collection de Morozov et sont parfois accrochées à côté de celle de Chtchoukine. Ils se retournent probablement dans leur tombe s'ils l'avaient su. Les deux hommes étaient très différents, mais ils avaient tous deux une grande passion pour l'art français à l'époque. Ils se rendaient souvent à Paris et s'intéressaient tous deux aux Nabis. La collection complète des Nabis de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg a été transportée par avion à Amsterdam - un prêt rare.
Musiciens
Et maintenant, tu peux y aller sans avoir à prendre l'avion. Et aussi pour écouter à nouveau de la musique dans ce salon de musique, car l'Ermitage y invite de nombreux (jeunes) musiciens. Notamment un concert hebdomadaire le mercredi après-midi.
Mais bien sûr, il s'agit surtout des Nabis : des artistes qui ont été inspirés par les impressionnistes et qui ont cherché une nouvelle façon de peindre. À leur tour, les Nabis (qui signifient "prophètes" en hébreu) ont influencé des artistes comme Picasso et Matisse. En ce sens, leur nom est rétroactivement exact. Les Nabis ont abandonné l'impressionnisme. Avec Monet, Manet, Degas, Cézanne, Gauguin et consorts avaient pour point de départ l'impression d'un moment - et le fait de l'attraper sur la toile. Gauguin s'efforçait déjà davantage de représenter l'invisible et de simplifier les formes. C'est pourquoi, en guise d'ouverture (et en référence à l'exposition impressionniste de l'année dernière), trois belles toiles de lui sont accrochées.
Nouvelle route
Félix Valloton, Édouard Vuillard, Maurice Denis, Ker-Xavier Roussel et Pierre Bonnard ont formé un groupe intime d'amis qui ont poussé l'art dans une nouvelle direction. Et ce vers 1900, une époque où l'art était en pleine effervescence.
Les Nabis étaient plus conscients que le tableau est ''une surface plane recouverte de couleurs dans un certain ordre composite'' (selon Maurice Denis). La toile et la peinture devaient alors évoquer un sentiment ou une humeur. C'est de cela qu'il s'agit. Les symbolistes ont commencé par là. Il y a déjà des toiles qui en témoignent. La recherche de l'inconscient et du mystérieux est centrale chez eux. Un bel exemple est la ''Nuit au clair de lune à Montmorency'' d'Eugène Carrière datant de 1897. Et ainsi pendent d'autres paysages brumeux qui respirent la tranquillité et les grandes visions.
Les Nabis étaient du même avis. Ils utilisaient également des photographies pour leurs peintures. Des photographies qui pouvaient capturer l'instant encore plus que des esquisses et qui avaient donc leur influence sur la composition. Le "Matin à Paris" et le "Soir à Paris" de Bonnard en sont de bons exemples. Bien qu'il n'y ait pas eu de chef de file dans le groupe, après avoir vu l'exposition, Bonnard est définitivement le maître des Nabis. C'est ainsi qu'il a peint "Spot in Paris" en 1905. Toute l'énigme atmosphérique dans de belles couleurs couvertes. Quel bonheur que pour apprécier un si petit chef-d'œuvre, il te suffise de te rendre à l'Amstel. Les sons subtils du piano des contemporains Debussy et Ravel, que l'on peut entendre "sur scène", complètent le tableau.