L'industrie de la danse ne se porte pas très bien du tout, disent les gens. J'ai parlé à un spécialiste du marketing de la danse qui m'a dit que les salles ne sont souvent remplies qu'au quart. Et cela vaut aussi pour les créateurs de danse qui ont une Oscar pour la danse ont gagné. Ce qui attire beaucoup le public, ce sont les contes de fées. Et les Isabelle Beernaert.
Qu'est-ce qui explique le succès de ce chorégraphe belge ?
Vitesse et variété
Dans son nouveau spectacle Red, Yellow & Blue, comme à la télévision, la vitesse et la variété prévalent. Un film in-your-face de Rachid Pardo esquisse un monde inhumainement surpeuplé où règne l'injustice. Puis, jusqu'à la fin, avec le bouton shuffle activé et la pédale d'accélérateur enfoncée, une variété de courts clips de danse se succèdent. Cela en dit long sur les téléspectateurs de l'année 2013. Ils veulent être continuellement nourris d'impressions.
Un langage compréhensible
La chorégraphe m'a dit après le spectacle qu'elle fait suivre, voire dépeindre, les paroles de la chanson, ou l'émotion qui les sous-tend, par ses danseurs. C'est une innovation. Il y a dix ou vingt ans, il était impensable de construire un spectacle de danse professionnel sur une musique populaire. Aujourd'hui, c'est le moyen de se connecter directement avec le public.
[Tweet "La musique pop est le moyen de se connecter au public de la danse"].La source d'inspiration de Beernaert - aux côtés d'Alvin Ailey et de Jiří Kylián - est Maurice Béjart. Ce dernier a su forger ensemble toutes sortes d'impressions, a utilisé des danseurs fantastiques et a entrevu des possibilités avec lesquelles la danse pouvait devenir grand public. Pour sa part, Beernaert laisse la place aux grands allegro classiques de Johan Christensen, aux culbutes défiant la gravité de Remses Rafaela, au breakdance souple de Patrick Karijowidjojo ou de Redouan Hergelink et aux mouvements suaves de Mo Moare. Aux côtés des power women Sarah M'Peti et Natascha Dejong. Une sorte de compétition sans concurrence.
Mouvement accrocheur
En réponse au film violent par lequel s'ouvre le spectacle, Beernaert introduit l'amour. Avec le primaire couleurs rouge, jaune et bleu, elle assemble des impressions émotionnelles autour du couple d'amoureux Thomas van der Linden et Els Smeekens (vainqueur de l'appel d'offres). SYTYCD 2009). Smeekens se lance dans les duos d'une manière qui t'incite à bouger toi aussi comme ça, même si c'est trop haut. Mais c'est pour cela que nous venons.
Un ménage bien huilé
Beernaert doit gérer une famille avec trois enfants, mais aussi s'occuper des 24 danseurs, qui ne travaillent toujours pour elle que temporairement. Comme un entraîneur national, elle n'a pas le luxe de travailler avec les mêmes personnes jour après jour. C'est pourquoi les danseurs ont emménagé ensemble dans une maison pendant un certain temps. De cette façon, ils travaillent en tant que collectif, apprécient d'être sur scène et se tiennent mutuellement en haleine.
Si tu penses que tu peux danser
Fait remarquable, le public de Beernaert n'est pas constitué des jeunes de 14 ans auxquels on pourrait s'attendre compte tenu de sa réputation dans le cadre de SYTYCD, mais d'adultes à l'allure culturelle. Ils veulent donc aussi de la danse avec du feeling, de la musique accessible et des danseurs connus. C'est pour cette raison que Beernaert sera cette année le meilleur danseur de l'année. Prix du public de la danse gagné. Ce n'est pas directement une question d'érudition.
Mais une reconnaissance.