Rembrandt tardif au Rijksmuseum. Cela signifie avant tout qu'il y a beaucoup de monde. De longues files d'admirateurs qui savent qu'ils vont voir du haut niveau. Du haut niveau. Et pour cela, tout le monde est prêt à attendre. La machine des relations publiques a fait son travail et il s'agit maintenant de rejoindre la longue file d'attente, puis de passer devant les nombreux regards, les lignes rauques et les coups de pinceau.
Rembrandt (1606-1669) a capturé des profondeurs insondables, dans les pensées, les yeux et les gestes, dans ses innombrables gravures et toiles. Il y a beaucoup de lumière, beaucoup d'obscurité, beaucoup de suggestion. Ses puissants autoportraits donnent le ton. Rembrandt s'est représenté comme il a peint les autres. Il s'est glissé dans leur esprit. Il a mis beaucoup de suggestion dans la peinture, vieille de plusieurs siècles, avec laquelle il était très en avance sur son temps. Mais surtout, il était capable d'éprouver une profonde empathie pour ceux qu'il représentait. Il donnait vie à des moments figés.
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Comme l'histoire de Lucrèce, violée par le fils d'un roi, qui se suicide. Son regard est peut-être le plus intense de toute l'exposition. Rembrandt l'a comprise. Et il a peint de nombreuses personnes, dont il a également saisi l'âme profonde sur la toile. On les voit réfléchir, douter, lutter.
On peut voir la dichotomie de Bethsabée après qu'elle a reçu la lettre du roi David (chef-d'œuvre du Louvre). Cela donne lieu à des scènes intensément intimes.
D'autres chefs-d'œuvre sont accrochés, venus à Amsterdam des États-Unis, du Canada, de Suède, du Royaume-Uni, de France, d'Allemagne et même d'Australie. Tous des fils perdus, revenus pour un temps. Dommage, d'ailleurs, que "Le retour du fils prodigue" de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg (également un Rembrandt tardif, après tout) ne soit pas là. Une autre toile pleine de douleur.
Mais on ne peut pas tout avoir, et en fait, ces plus de cent chefs-d'œuvre sont déjà plus que ce qu'une personne peut traiter en quelques heures. Toutes ces impressions sont tout simplement trop nombreuses, surtout à cause des innombrables gravures à l'eau-forte qui sont très détaillées. Elles exigent de l'attention et détournent souvent l'attention des immenses toiles, qui exigent elles aussi beaucoup d'empathie. Et donnent. Mais qu'est-ce qui donne ? Ils sont enfin de retour chez eux. Dans une grande exposition.