Toutes les œuvres d'art ne peuvent pas être accrochées à tous les murs. La Galerie Kuub d'Utrecht possède un mur de ce type, qui représente un défi pour quiconque souhaite accrocher une œuvre d'art dans cet espace par ailleurs généreux. En effet, il s'agit d'un mur médiéval qui, au fil des siècles, a reçu plus de couches, de tampons et d'ancrages qu'une maison neuve moyenne ne pourra en supporter au cours de sa vie. Avec ou sans canapé devant.
Le galeriste Jaap Roëll l'appelle "un mur narratif", et cette désignation couvre peut-être un peu mieux la charge qu'"un mur avec une histoire". En effet, ce mur n'a pas seulement une histoire, il la crie aussi de manière assez insistante dans l'espace, tout le temps.
L'artiste Mirjam Hagoort a rendu hommage au mur dans l'exposition qu'elle a mise en place 'Architectures', exposée à la galerie d'Utrecht jusqu'au 29 mars. Hagoort, dont le travail excelle principalement dans les lignes épurées et les nuances de gris texturées, est vaguement cloué au mur monumental. En effet, un cadre serait dérangeant, et la couleur sur la toile ne serait pas à sa place. Intelligemment, donc, fait avec un bon sens de l'image et de l'espace. Et cela s'applique en fait un peu à l'ensemble de l'exposition à Utrecht.
Où l'architecture devient de l'art, et où l'art est devenu de l'architecture. Avec des éclaboussures de sang (Lydia Schouten), des étals de marché (Dré Wapenaar), des modèles 3D suspendus (Frank Havermans) et des aperçus touchants et narratifs en bande dessinée de... Jan Rothuizen.
Les œuvres d'art s'interpellent les unes les autres, grâce à la belle sélection de Hagoort. Par conséquent, chaque mur de Kuub finit par raconter une histoire, sans être noyé par ce mur-là.
Et c'est tout un art, en fait.