Ce qui est génial quand on visite des vernissages, c'est qu'on a parfois l'occasion de vivre une expérience à laquelle personne ne s'attendait. Comme à la mini-expo Bep Rietveld, fille de...' à l'espace d'art Kuub à Utrecht. On y trouve 72 peintures de la fille de Gerrit Rietveld, l'homme qui a donné à De Stijl ses meubles et ses maisons. En 1935, cette Bep, non sans habileté au pinceau, a réalisé un portrait de Mme Schröder, mécène et homonyme de la maison Rietveld-Schröder. Et également maîtresse de son père. Jaap Roëll, galeriste, dit dans l'article d'accompagnement vidéo une belle histoire sur la façon dont cette relation a pesé sur la famille.
Lors de l'ouverture de l'expo, Bertus Mulder a également été invité. Ce collègue et biographe de Gerrit Rietveld a pu raconter que l'architecte admirait le portrait que sa fille avait fait de sa maîtresse, et que c'est pour cela qu'on lui avait donné une place dans la maison. Ce que personne ne savait, mais Bertus oui, c'est que papa Rietveld avait pris le pinceau en main pour corriger la toile sur quelques points. De quels points, il ne se souvenait pas. Mais cela montre clairement qu'être la fille d'un grand artiste a ses conséquences : il est difficile de ne pas rester dans l'ombre de son père.
C'est également le thème de la performance qui est à l'origine de toute l'exposition. L'actrice Audrey Bolder, chanteuse et artiste de cabaret douée qui a également joué une fois dans GTST, a fait un solo sur cette femme, dont elle a appris à connaître le travail dans un documentaire projeté au Centraal Museum. Cherchant à en savoir plus, elle est entrée en contact avec la famille et a noué une relation avec Martine Eskes, l'une des six enfants que Bep Rietveld a mis au monde.
L'exposition à Kuub est un compromis qu'Audrey a fait avec la famille : elle voulait en fait emporter quelques tableaux lors de sa tournée, pour les montrer au public. La famille ne le permettant pas, il a été décidé de monter une petite exposition avec les œuvres de la fille de Gerrit Rietveld.
Bep n'a jamais percé en tant qu'artiste, mais comme l'explique Martine Eskes dans la vidéo : cela n'a jamais été son intention. Ou si cela avait été son intention, parce que Bep Rietveld peignait de manière figurative, elle n'avait aucun lien avec la scène artistique de son époque. Mais l'exposition révèle surtout que Bep Rietveld aurait eu du mal à sortir de l'ombre de son père. Après tout, comment se placer à côté d'un si grand innovateur de l'art ? Elle a donc décidé d'exceller dans un domaine où elle pouvait facilement surpasser son père : la construction d'une famille moderne très unie.
L'exposition est encore visible jusqu'au dimanche 6 mars. Le spectacle est encore à l'affiche jusqu'au mois d'avril.