La diversité est un thème majeur du festival du film néerlandais. Elle était également au centre de l'après-midi d'ouverture de la National Film Conference, la section du festival destinée aux professionnels et aux étudiants en cinéma. La diversité, plus j'y pense, moins je comprends ce qu'on entend exactement par là.
Cela fait-il référence à la grande variété de films, de programmes télévisés et de jeux produits par les Pays-Bas ? S'agit-il de la couleur des réalisateurs ? Devrait-il y avoir plus de sujets multiculturels ? Des hommes et des femmes ? Des coproductions internationales ? Devrions-nous nous tourner vers des marchés exotiques ?
Concept général
En ce qui concerne ce dernier point, sous la devise "diversité", la Conférence du film avait également invité la productrice française Isabelle Glachant pour son programme d'ouverture le jeudi après-midi. Elle a une grande expérience de l'industrie cinématographique chinoise. En tout cas, elle m'a fait comprendre que la diversité est un vaste concept.
Peut-être suffit-il que les cinéastes se contentent de reprendre ce qui se passe dans le monde réel.
Bataille
L'une des personnes interrogées était le lauréat d'un Oscar, Danis Tanovic, réalisateur de No Man's Land et le film primé à Berlin Mort à Sarajevo. Réalisateur sobre mais inspiré qui fait des films engagés qui frappent fort. Il n'avait pas grand-chose à dire sur la diversité, seulement qu'il voit comment les médias renforcent la peur et que la peur éloigne les gens les uns des autres. "Je fais des films sur des gens qui luttent pour survivre", a-t-il déclaré.
Les frères belges Dardenne (La fille inconnue), les invités d'honneur qui ont clôturé l'après-midi, et qui sont célèbres pour leurs films réalistes sociaux, ont eu une histoire similaire. Leurs protagonistes sont souvent des personnes en marge de la société, des nichons introvertis qui mènent leurs propres combats solitaires. Les Dardennes veulent qu'ils trouvent une nouvelle ouverture, qu'ils retrouvent leur dignité, qu'ils découvrent qu'ils ne sont pas que des victimes. Redonner aux personnes marginalisées leur humanité. Mais faut-il appeler cela de la "diversité" ?
Pas de flammes
Des développements urgents", c'est ce que nous avait promis la modératrice Tessa Boerman. À cette fin, onze orateurs et personnes interrogées, apparemment réunis de manière un peu désordonnée, ont apporté leur éclairage sur les thèmes de la diversité, du piratage et des nouvelles technologies. Pourtant, le vrai feu ne voulait pas s'allumer. Personne pour remuer le couteau dans la plaie avec un discours stimulant ou surprenant.
Pour en revenir à cette diversité, ce sont les paroles de l'acteur Issaka Sawadogo qui m'ont le plus charmé. Il est l'un des invités spéciaux de la NFF et peut être ici. Maître mention. Né au Burkina Faso, il s'est installé en Norvège où il a commencé une carrière théâtrale. Percée internationale grâce à un rôle principal impressionnant, celui d'un immigrant délabré dans le film belge à succès L'envahisseur de Nicolas Provost. Tout aussi incontournable dans certaines productions néerlandaises, notamment. Le nouveau monde et La suite Paradis. Nommé au Veau d'or pour son rôle dans ce dernier.
Naviguer
Mais lorsqu'on lui a demandé comment il faisait pour naviguer dans le monde, il a semblé se demander ce qu'on voulait dire exactement. Puis, avec autant d'humilité que d'assurance, il s'est lancé dans la conversation et a partagé avec nous sa philosophie de vie.
'Je ne suis pas religieuse, mais je remercie Dieu pour toutes les opportunités qui m'ont été données, pour mon identité et mon talent qui m'ont ouvert tant de portes. Je remercie tout le monde, car sans les autres, nous ne sommes rien. Notre diversité est une réalité. Nous sommes nés avec et c'est un don avec lequel nous pouvons rendre le monde meilleur. Ceux qui l'ignorent se font du tort à eux-mêmes et au monde. Lorsque je me demande "qui suis-je", je trouve la réponse dans les autres. En regardant les autres, je découvre quelque chose sur moi-même. C'est le miroir dans lequel je me regarde.
'En tant qu'acteur, j'essaie aussi d'être un tel miroir. Nous naissons tous avec le talent de nous adapter au monde, c'est à nous de découvrir ce qui est bon pour nous. Voyez le nouveau-né qui cherche immédiatement le sein de sa mère sans qu'on lui ait appris. C'est ainsi que j'utilise mon talent pour franchir de nouvelles étapes. La variété, nous l'avons tous en nous, tu ne peux pas y échapper.'
Scène amusante
Pour illustrer son propos, il cite une scène amusante tirée du livre de Jaap van Heusden. Le nouveau monde. Il y joue le rôle d'un immigré clandestin originaire d'Afrique qui est amené menotté à l'aéroport de Schiphol. Là, il croise le chemin d'une femme de ménage blanche qui tente de lui faire comprendre par des gestes à la dérive de s'écarter. L'Africain répond par une imitation laconique, et c'est ainsi que s'engage une conversation absurde qui finira par changer leur vie à tous les deux.
Le vendredi 23 septembre à 19h30, une longue interview de Sawadogo aura lieu au cœur du festival, dans l'ancienne poste sur la Neude.