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Joris Smit sur Tasso et Jeanne d'Arc : pas de théâtre qui met le public au lit.

Les pièces du Théâtre National Jeanne d'Arc Par Friedrich Schiller et se répète simultanément Tasso de Johann Goethe. Dans les deux pièces, Joris Smit joue, en... Tasso même le rôle-titre. Nous lui parlons des romantiques allemands, de Sallie Harmsen, du Théâtre national nouvellement créé et de l'importance de se mettre à plat ventre.

Tasso et Jeanne, Goethe et Schiller. Le romantisme allemand est-il le seul lien entre ces deux pièces, ou existe-t-il également des similitudes au niveau du contenu ?

Joris Smit, foto Sabrina Bongiovanni
Joris Smit, photo Sabrina Bongiovanni

Goethe et Schiller sont contemporains ; ils ont entretenu des correspondances intéressantes. Dans le romantisme, l'amour inaccessible est un thème et le pouvoir de l'amour joue un rôle important dans les deux pièces. Sallie Harmsen et moi représentons dans Jeanne d'Arc Cet amour, nous le faisons plus souvent dans ce métier. (rires). Plus tôt dans Tasso et premier en Songe d'une nuit d'étéNous sommes arrivés ici ensemble et c'était bien de commencer avec une si bonne direction sous la direction de Theu Boermans. Nous sommes arrivés ici ensemble et c'était bien de commencer avec une si bonne direction sous la houlette de Theu Boermans. Un bain chaud pour apprendre à connaître la direction de Theu et à se connaître les uns les autres.

Freud

Nos rôles dans Songe d'une nuit d'été avait une charge sexuelle élevée. C'était bien de l'avoir fait avant de nous embarquer dans le projet. TassoIl y a deux ans et demi. Theu est passé maître dans l'art de travailler sur les rôles des femmes et des hommes et de souligner les différences. Le féminisme n'existait pas à l'époque de Goethe, pas plus que la psychologie, mais... Tasso est une question de sentiments refoulés. Freud a dit un jour qu'il enviait les écrivains : "Vous dites à partir de vos sentiments ce que je passe des années à étudier."

Une autre similitude entre les deux pièces est le thème de l'extrémisme ? Jeanne d'Arc se croit divinement mandatée pour libérer la France de l'occupant et tue. Tasso est-il lui aussi un extrémiste ?

Tasso est pourtant un artiste fondamentaliste. Il vit pour son art et le place tellement au centre qu'il attend de la réalité qu'elle s'adapte à son art plutôt que l'inverse. Goethe a écrit cette pièce en partie autobiographique et cela inclut le rôle de la princesse, qui est basé sur son propre grand amour. Goethe était attaché à la cour de Weimar en tant qu'écrivain de cour et y a également suivi une formation. Il a ensuite voulu entrer dans le monde libre, mais cela n'a bien sûr pas été le cas. Tasso travaille pour un mécène, mais son œuvre n'est jamais achevée. En fait, il essaie de gagner l'amour de la princesse avec, mais il n'y parvient pas : elle tombe amoureuse de l'œuvre d'art, mais pas de lui.

Le pouvoir de la langue

Les pièces de l'époque de Goethe et de Schiller peuvent-elles aussi vous gêner en tant qu'acteurs ? Certains critiques ont trouvé que certaines parties de Jeanne d'Arc étaient interminables. Le contexte de l'histoire est parfois introduit dans de longs monologues.

Je trouve courageux que Theu apporte cela. Il s'appuie sur le pouvoir de la langue. Des pièces comme Jeanne d'Arc doit encourager l'écoute patiente. Il faut garder la tête haute, et ce à une époque où nous avons peu de patience. Nous avons pris l'habitude d'être mis au lit en tant que public : assoupis-toi, nous le ferons à ta place. Ce n'est pas ainsi que fonctionne Theu. C'est une grande pièce, grandiloquente, avec beaucoup de personnages et de batailles. Nous la jouons donc avec un grand ensemble.

Bien sûr, avec certains de mes textes, je me dis : je ne crois rien de tout cela !
Tasso ne compte que cinq acteurs. Quand tu as un texte lourd en tant qu'acteur, c'est assez agréable de jouer avec un ensemble limité, sans double rôle. Nous jouons Tasso aussi avec un jeune club, ce qui te donne une certaine fraîcheur gratuitement. Pour Sallie, c'est très piquant, maintenant qu'elle joue aussi Jeanne d'Arc.

Dans la nouvelle version, Jappe Claes remplace Bram Suijker dans le rôle du duc Alfonso.

Je pense que c'est une bonne décision. C'est un acteur plus âgé, ce qui donne une certaine autorité. Avec un autre acteur, vous avez toujours une relation légèrement différente au sein du groupe. Cela se cristallise pendant les répétitions, mais c'est ainsi qu'une pièce continue de changer : un jour, nous faisons ceci, le lendemain, nous faisons cela. L'art n'est jamais terminé, comme dans Tasso.

Première ou dernière

As-tu changé quelque chose à propos de la pièce après la première ?

Nous donnons notre propre élan à un morceau. Le laisser aller un peu plus et se l'approprier, cela vient naturellement en tournée. Koos Terpstra, mon ancien professeur au Noord Nederlands Toneel, avait supprimé les premières pour cette raison. Pourquoi une première, c'est fini après ? À la place, il a instauré les dernières. Après la dernière représentation, champagne et fête, parce que ce n'est qu'à ce moment-là que tu as vraiment terminé. Je suis d'accord avec cela.

Dans l'histoire de Schiller, Jeanne n'est pas brûlée comme sorcière, mais se retrouve en crise de conscience lorsqu'elle tombe amoureuse de Lionel, un capitaine de l'armée ennemie. Cette histoire d'amour est-elle encore d'actualité ? Est-il crédible qu'une femme aussi radicale que Jeanne tombe soudain amoureuse et change d'avis ?

Dans une certaine mesure. En fait, cela m'aide à la trouver plus crédible, dans le monde de ce qu'elle croit, dans lequel elle coupe des têtes sur ordre divin. Elle se découvre soudain une âme sœur et se dit : dans un autre monde, nous aurions joyeusement fait du cheval ensemble, maintenant nous sommes face à face sur le champ de bataille. C'est une scène qui la ramène à son cœur et je trouve que c'est une bouffée d'air frais au sein du spectacle. Croyez-vous en cette mission divine ? J'ai du mal à me reconnaître dans la mission de Jeanne, mais je me reconnais dans cette prise de conscience : putain, qu'est-ce que je fais !

Joris Smit en Sallie Harmsen in Jeanne d'Arc, foto Kurt van der Elst
Joris Smit et Sallie Harmsen dans Jeanne d'Arc, photo Kurt van der Elst

Troisième œil

Bien sûr, avec certains de mes textes, je me dis : je ne crois pas à tout ça ! C'est lié à l'insécurité, au "troisième œil", au fait que tu te regardes sur scène, pour ainsi dire ; plus d'acteurs en souffrent. Je suis heureux de jouer un représentant de l'humain dans cette pièce. Si vous la transposez à l'actualité, vous espérez que quelqu'un qui porte une ceinture de bombes puisse aussi avoir cette prise de conscience : pensez-vous vraiment que cela rendra les gens meilleurs ? Je me méfie des gens qui ne doutent pas, ou comme le dit Rutger Kopland : ceux qui trouvent ont mal cherché.

Il en va de même pour Tasso. Qui ne cesse de chercher comment son art peut être meilleur. Il craint le trou noir dans lequel il tomberait si jamais il était achevé. Goethe utilise en fait l'art comme sujet dans une forme d'art, à savoir dans un texte de théâtre. Ses textes sont lyriques et poétiques et portent en même temps sur le pouvoir du lyrisme et le don des mots. Il est l'ambassadeur de la beauté du langage.

Les personnages n'existent pas

Que représente pour toi un rôle comme celui de Lionel ?

Il semblait difficile de jouer un chevalier et puis aussi un homme dur, vaporeux et excité de chevalier. Devais-je me transformer en cela ? Jeanne tombe immédiatement amoureuse de lui, il doit donc aussi être très beau. Malgré tout, j'essaie de jouer chaque rôle au plus près de moi-même. Seulement, le texte n'est pas celui de Joris mais celui de quelqu'un d'autre.

C'est merveilleux quand tu as un bon texte.
C'est merveilleux quand tu as un bon texte. Au théâtre, il est souvent question de drames, de menaces, d'affrontements. En réalité, dans ces situations, tu te dis une demi-heure plus tard : j'aurais dû dire ça ! Sur scène, ils ont toujours leurs mots prêts et je peux les utiliser. Mais à part les mots, tout est à moi : ce sont mes cordes vocales, mes gestes, mon physique que je mets au service du rôle, de la scène. Je veux rester le plus humain possible. Comme le disait le même Koos Terpstra : les personnages n'existent pas. Vous fusionnez avec eux, en quelque sorte.

Eric de Vroedt

Il se passe beaucoup de choses au sein du Théâtre national : fusion avec d'autres institutions pour former le Théâtre national, nouveaux acteurs, nouveau directeur artistique, Eric de Vroedt. Comment cela se passe-t-il pour toi ?

C'est un travail difficile, mais j'aime ça. Nous avons fait beaucoup de choses ces derniers temps dont nous pouvons être fiers, d'ailleurs. Jeanne d'Arc aussi Pendant ce temps à Casablanca et Coursedes pièces très différentes. En tant que public, tu peux choisir ce dont tu as envie ce soir-là. C'est la fonction d'une grande compagnie.

Je suis très heureux de l'arrivée d'Eric. Je n'ai pas encore travaillé avec lui moi-même, mais je suis attiré par son enthousiasme et sa passion. Il y a là un lien de parenté. En outre, la fusion a offert des opportunités : le Théâtre royal est aussi devenu une maison. Nous avons le Paradis tout en haut, une petite salle squattée dans les années 1960 par des acteurs de la Comédie de la Haye pour y faire des expériences. Jeroen de Man, mon camarade de classe à l'école de théâtre de Maastricht, et moi avons pensé : redonnez à ce Paradijs son ancienne fonction, un lieu pour les acteurs.

Mime et mots prononcés

À cause de la fusion, il y a parfois pas mal de pression : il faut voyager, obtenir beaucoup d'étoiles dans le journal. C'est alors très bien s'il y a un endroit où tu peux te rabattre sur ton visage. Il est important de s'effondrer sur soi-même pour chercher et découvrir des talents cachés. Pieter van der Sman, par exemple, s'avère être très doué pour... mots prononcésBram Coopmans fait beaucoup de mime, nous avons un groupe de musique maison ces jours-ci. Nous pourrions utiliser quelque chose comme ça de temps en temps. Cela te permet d'en savoir plus sur le type d'ensemble que nous formons. Après tout, nous avons aussi quelques nouveaux acteurs ; cela permet de s'impliquer, l'ensemble devient plus proche. Les premiers mois d'essai à Paradise sont terminés. Nous y avons donné quatre représentations, organisé des soirées d'inspiration et des conférences. Tu peux te tenir là et laisser transparaître tes forces et tes talents. Un laboratoire.

Bon à savoir
  • Jeanne d'Arc était une paysanne qui a joué un rôle dans la guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre après une vision religieuse. En 1431, elle a été brûlée comme sorcière. Friedrich Schiller a écrit en 1801 librement après sa vie. La Jungfrau d'Orléans.
  • Torquato Tasso était un écrivain de la Renaissance italienne. En 1780, Johann Goethe a écrit la pièce de théâtre Torquato Tasso.
  • Joris Smit (1981) est diplômé de l'Académie d'art dramatique de Maastricht en 2005 et fait partie du Nationale Toneel depuis la saison 2013-2014. Il a également joué dans des séries télévisées Le groupe.
  • Tasso passe en reprise du 3 mars au 29 avril 2017.
  • Jeanne d'Arc sera jouée jusqu'au 30 avril 2017

Frans van Hilten

Je suis une journaliste culturelle indépendante. Parce que je pense qu'une voix culturelle indépendante est importante, j'aime écrire pour cette plateforme.Voir les messages de l'auteur

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