La commande passée à l'artiste Elisa Pesapane par le Musée national des antiquités a réuni ses passions : le dessin, l'antiquité, la recherche et le portrait. A partir d'aujourd'hui, douze dessins sur 'le solitaire des ruines' : l'ingénieur militaire Jean Emile Humbert à la recherche de la ville Carthago.
Portrait
L'artiste italo-néerlandaise Elisa Pesapane (née en 1977) est, entre autres, illustratrice littéraire. Le portrait est l'une de ses spécialités : les visages qu'elle dessine sont raffinés et détaillés. C'est pourquoi cette invitation a été très agréable pour moi", déclare Elisa Pesapane. C'était l'occasion de combiner mon amour pour le portrait, l'antiquité et la recherche. Dans mon travail, je passe plus souvent d'un monde à l'autre. Avant de réaliser ces dessins, j'ai passé beaucoup de temps dans les archives. J'ai trouvé très inspirant de fouiller dans tous les cahiers de voyage de Jean Emile Humbert".
Carthago
Pesapane a représenté dans ses dessins le voyage à travers la Tunisie de l'ingénieur militaire hollandais Jean Emile Humbert (1771-1839). Parti à Tunis en 1796 pour y construire un port, ce dernier est progressivement fasciné par l'ancienne cité punique de Carthage. Il part donc à la recherche du site où devait se trouver la ville. En chemin, il recueille et enregistre toutes sortes d'antiquités.
Au cours de ce voyage, il rencontre le comte italien Camillo Borgia et se lie d'amitié avec lui. À partir de ce jour, ils voyagent ensemble. Ils entreprennent alors des expéditions sur différents sites en Tunisie, notant, cartographiant et dessinant les ruines et les antiquités qu'ils rencontrent. C'est ainsi qu'en 1817, Humbert découvrit l'emplacement de l'ancienne cité de Carthage.
De retour aux Pays-Bas, il fait don de sa collection d'antiquités au Rijksmuseum van Oudheden, fondé en 1818. Humbert devient ainsi un "agent" important du musée. Il collecte ensuite pour le musée des antiquités puniques et romaines à Tunis, et acquiert des collections égyptiennes, étrusques et romaines.
Pierres tombales
Deux cents ans plus tard, Pesapane a choisi les moments forts de ce voyage de près de deux décennies. Ces 12 dessins racontent l'histoire d'Humbert à partir du moment où il arrive à Tunis et part à la recherche de Carthage. Borgia et Humbert partagent l'amour de l'Antiquité et entreprennent ensemble des expéditions.
Après plusieurs années, Borgia se rend en Italie avec leurs écrits pour les faire publier. C'est alors qu'Humbert découvre l'emplacement de Carthage grâce à la découverte de les pierres tombales, qui sont également exposés à l'OMR. Pesapane : "Borgia meurt de la malaria cette année-là en Italie, de sorte que cette publication n'a jamais vu le jour. Mais leurs expéditions étaient très importantes".
Pas d'images simples
La série commence avec l'arrivée de Humbert à Tunis, où il essaie de maîtriser la langue et d'apprendre les coutumes du pays. Il y découvre l'histoire et les traditions tunisiennes et dessine les habitants du pays. C'est là qu'il rencontre Camillo Borgia et que l'accent est mis sur leurs expéditions et leurs découvertes.
J'essaie de faire en sorte que l'histoire aille au-delà d'un simple récit illustré sur l'histoire. C'est pourquoi il y a beaucoup de travail préliminaire, car tous les détails doivent être corrects", explique M. Pesapane.
J'essaie de comprendre les états d'âme des personnages et je lis beaucoup sur eux. Mais l'exposition est également visitée par des personnes qui n'ont aucune idée de l'histoire. Il faut donc que les images soient belles et intéressantes, avec un bon rapport entre la lumière et l'obscurité, par exemple. Par exemple, l'un des dessins montre une tombe sur laquelle se trouve Borgia. Avec cela, il dessine en fait le bâtiment sur lequel il est assis. Humbert le regarde et écrit sur le papier avec une plume d'oie. J'espère que de cette façon, la passion qu'ils partageaient peut être vue dans leurs expressions faciales.
Reine Didon
La fondatrice mythique de la ville de Carthage est Didon, explique Pesapane. C'est pour cette raison que l'on retrouve dans les dessins une figure féminine, après laquelle Camillo et Jean Emile courent, pour ainsi dire. Cette femme est la reine Didon. Dans l'un des dessins, Humbert est assis sur un tas de pierres avec un cheval et un palmier - symboles de Tunis -, et une femme dont la main se pose sur son épaule. Il se rapproche ainsi de plus en plus d'elle".
Cette année, Elisa Pesapane publiera une nouvelle collection de MatchBoox (Collectors'edition : Theme the Future) ; un coffret de luxe contenant quatre livrets illustrés avec deux nouvelles de Hafid Bouazza et Hans Dorrestijn et deux fois un essai de Vic van de Reijt (sur Willem Elsschot) et Pieter Steinz (sur Italo Calvino). Elle publiera également un livre avec des dessins de Pesapane et des poèmes de Jean Pierre Rawie. La collection sera publiée par http://www.carbolineumpers.be/
Pour plus d'informations sur l'artiste et son travail, visitez le site : www.elisapesapane.com