D'un festival dédié à la musique ancienne, on attend beaucoup, mais pas du théâtre musical contemporain. Pourtant, c'est exactement ce que le directeur artistique Xavier Vandamme nous réserve. Les samedi 26 et dimanche 27 août, la troupe de théâtre de rue Kamchátka présente. Musica FugitUn spectacle sur les réfugiés. Les visiteurs font partie de l'histoire. Ainsi, ils expérimentent par eux-mêmes ce que cela signifie lorsque fuir devient un mode de vie. - Des chaussures solides sont recommandées.
Lorsque Vandamme a programmé cette "aventure musicale improvisée et interactive", il ne pouvait pas imaginer à quel point elle serait proche de la réalité. Kamchátka a vu le jour à Barcelone en 2006. C'est un collectif d'artistes de différentes nationalités qui partagent un intérêt pour l'immigration. Dirigés par Adrian Schwarzstein, ils ont réalisé plusieurs productions sur le thème du déplacement.
Des conflits religieux sanglants
Musica Fugit s'inscrit parfaitement dans le thème du festival "chanter, combattre, pleurer, prier", qui se penche sur les différentes (contre-)réformes. Les querelles religieuses vont souvent de pair avec des effusions de sang, et c'est tout aussi vrai dans le monde chrétien. Les réformateurs tels que Martin Luther et Jean Calvin avaient beau vouloir réformer l'Église pacifiquement, ils étaient combattus bec et ongles par le pape et les princes catholiques romains.
Néanmoins, les partisans des réformistes se sont rapidement multipliés. Cela a conduit à plusieurs guerres de religion et aux flux de réfugiés qui y sont associés. En 1685, par exemple, le roi français Louis XIV a déclenché une migration massive en révoquant l'édit de Nantes. Cela a marqué la fin de la tolérance envers les protestants, et des centaines de milliers de huguenots ont alors cherché refuge en Angleterre et aux Pays-Bas.
Générosité ou égoïsme ?
Au Musica Fugit place Schwarzstein et son collectif au centre de la fuite. - Non pas dans le sens d'une fuite, mais comme une forme de résistance dans un combat pour un monde meilleur. Ils thématisent également la solidarité des semblables qui aident les réfugiés à façonner leur nouvelle vie. Kamchátka est rejoint pour l'occasion par l'ensemble musical Zamus Cologne. Ensemble, ils incarnent les "immigrés intemporels", qui voient leur réalité changer du jour au lendemain, échangeant un passé familier contre un avenir incertain.
La troupe de théâtre et les musiciens nous emmènent dans divers espaces et sanctuaires. Ils créent une atmosphère chargée et mystérieuse sous les sons de compositeurs tels que Barbara Strozzi et Jean-Sébastien Bach. Avec la soprano Emma Kirkby - reine de la musique ancienne - comme cerise sur le gâteau. Au cours de la tournée, le public lui-même devient partie prenante du drame, la musique étant le seul moyen de communication entre l'interprète et l'auditeur. Ainsi, sans mot, geste ou contact physique, "une forme de proximité et d'implication" est créée, laissant place à des "réflexions autour de l'individualité et de la générosité".
La question n'est pas explicitement posée, mais Schwarzstein et les siens nous tendent un miroir moral. Sommes-nous prêts à accueillir ceux qui cherchent de l'aide, ou faisons-nous égoïstement l'autruche ? - Il est courageux que le festival de musique ancienne ose aborder un thème aussi lourd de conséquences.