'Il y aurait une différence entre les poèmes sur papier et les poèmes qui ne s'intègrent que dans une récitation. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un bon poème dans les deux cas. Un bon poème, tu peux bien le lire, et aussi le relire, mais il s'intègre aussi très bien dans une performance.' La poétesse Anne van Winkelhof a des idées bien arrêtées sur ce qui fait de la poésie une bonne poésie. Après avoir terminé ses études de néerlandais et de rhétorique, elle est aujourd'hui bien connue dans le monde de la poésie.
Depuis l'automne dernier, Van Winkelhof organise la Poetry Academy, l'école d'écriture avec laquelle le célèbre festival international Poetry Rotterdam prolonge la saison du festival. Le dimanche 8 avril, une douzaine de poètes amateurs se sont réunis dans le bâtiment où Poetry est installé avec Passionate Bulkbook. L'atelier "Poetry Performance", animé ici par Winkelhof, avait pour but de transmettre les bases de l'art de la récitation.
Terre
'Il est important, en tant que poète sur une scène, d'être conscient que vous êtes là. Je vois assez souvent des poètes arriver sur une scène, réciter quelque chose et repartir. C'est dommage, parce que cette performance est vraiment le moment du poète. Alors, sois conscient que tu es là. Tu peux prendre le temps pour cela, pour entrer en contact avec ton public, mais aussi pour t'ancrer, pour sentir que tu es là, que tu vas réciter un poème.'
Les dix participants, qui n'ont heureusement pas tous plus de 50 ans, qui sont blancs, très instruits et de sexe féminin, ont tous l'occasion de réciter un poème. Ils reçoivent les commentaires de Van Winkelhof, mais aussi des autres participants. Il est remarquable de constater que les poètes n'ont pas le trac. Les poètes amateurs semblent tout à fait confiants sur scène. Il y a une brève discussion sur la langue : l'une des participantes se demande si elle n'a pas l'air "trop rotterdamoise". Les autres pensent que non. Une participante de Zélande, qui récite ses poèmes avec un bel accent français, est également encouragée à se rappeler qu'un accent souligne votre authenticité. Quelque chose qui devient d'ailleurs de plus en plus courant dans le monde de la performance et du théâtre néerlandais.
Le trac
Je m'attendais en fait à ce qu'il y ait beaucoup plus de panique et de peur", m'a dit Van Winkelhof après coup. J'avais secrètement espéré cela aussi. Je devais vraiment encourager les gens et les calmer. Je pense qu'il y a maintenant des gens qui peuvent aller loin avec leur récitation. Mais il faut aussi que la poésie soit bonne".
Quelque chose qu'ils peuvent ensuite apprendre à l'école d'écriture de Poetry International. L'une des choses que les poètes apprendront à l'Académie de Poésie est la suivante : ne mets pas trop de choses dans un seul poème. Écrivez plutôt d'autres poèmes.
'Si tu mets trop d'images dans un poème, tu ne donnes pas à ton public la possibilité de vraiment apprécier tes images. Si tu as une belle image dans la première phrase, ne mets pas une autre image tout de suite dans la phrase suivante. L'auditeur sera alors à la sixième phrase et ne se souviendra pas de l'image évoquée dans la première phrase. Pour moi, tu es alors trop sur le contenu.'
Jolande van Lith
L'artiste qui a fait une apparition spéciale au cours de l'atelier était Jolande van Lith. Son travail visuel la place parmi les meilleurs artistes des Pays-Bas. La poésie s'est ajoutée plus tard, dit-elle : "Quand j'étais à l'école, j'ai toujours voulu devenir écrivain, mais finalement, ces dernières années, je me suis surtout occupée d'art visuel. J'ai réalisé un projet sur Vincent van Gogh. Dans ce projet, les gens m'ont dit ce qui les inspirait à propos du peintre. S'agissait-il de l'art ou de l'artiste ? On m'a raconté des histoires très personnelles. En fait, tellement personnelles que je me suis demandé comment les écrire. Trois semaines avant l'ouverture de l'exposition, j'ai décidé de retourner la situation et j'ai traduit les histoires en poésie. Ce recueil est sorti il y a deux ans et il a suscité tellement d'intérêt que j'ai repris l'écriture.'
C'est son penchant pour le perfectionnisme qui l'a poussée à participer à cet atelier : "Je suis moi-même quelqu'un qui reste normalement dans les coulisses et qui ne se met en avant que lors d'une exposition. Comme ce projet, et aussi les poèmes, ont suscité beaucoup d'intérêt, il fallait que je commence à en parler aux gens. J'ai de toute façon une certaine timidité, et avec ce perfectionnisme, je me suis dit : je ne peux pas en savoir assez sur le sujet.'
La principale leçon qu'elle a tirée de cet atelier : "J'ai appris à être encore plus silencieuse. Je le faisais déjà, mais j'ai besoin de l'être encore plus. Dans une conversation, j'ai déjà le courage de lâcher des silences, mais quand un groupe de personnes vous regarde, ce sablier intérieur est très décisif.' Elle rit. 'Alors mes prochaines représentations seront beaucoup plus longues.'
Les poètes débutants Joost Baars et Dean Bowen se produiront le 2 juin dans le cadre d'un programme thématique de l'Académie de poésie (16h00-17h00). Ensuite, il y aura une scène ouverte pour toutes les personnes intéressées. Inscris-toi pour la scène ouverte en envoyant un e-mail à : poetryacademy@poetry.nl? Tu trouveras plus d'informations sur l'Académie de Poésie à l'adresse suivante ici.
La 49e édition du festival international de poésie de Rotterdam aura lieu du 29 mai au 3 juin 2018. Informations et réservations.