Des hauts et des bas dès la soirée d'ouverture de CaDance, le festival de danse contemporaine. Des danses longues à faire frémir les orteils aux drames les plus fous. Points forts : la danseuse Sammie Hermans et l'ensemble de l'équipe de CaDance. Maman:Moi.
Béguin
Le nouveau directeur artistique Stacz Wilhelm, en présence du ministre lors de son discours d'ouverture, nomme les dures années d'austérité depuis 2013. Il veut remplacer la soi-disant évidence de l'art par l'émerveillement. Il aurait également pu choisir l'écrasement. Ce n'est qu'à ce moment-là que la danse impressionne vraiment, et c'est ce qu'elle fait lors de la soirée d'ouverture. Encadrée par un solo époustouflant au plus haut niveau international du talent néerlandais Bboy Shinshan et une installation de danse conceptuelle d'Amos Ben-Tal, forme W de Samir Calixto et Maman:Moi par Ryan Djojokarso les deux fleurons de CaDance.
W : 'C'est effrayant
Mettez ensemble Wagner, Nietzsche, des déesses et un autel fumant et vous vous imaginez dans un grand théâtre d'une ville allemande. Samir Calixto, lui, parvient à évoquer un monde qui lui est propre sur la modeste scène du Theater aan het Spui. Avec le chorégraphe brésilien, il faut s'attendre à ce que les danseurs se lancent intensément dans une danse rythmée et répétitive, sans fin rapide. Même le magnifique prologue de la fumée qui tombe annonce qu'un spectacle d'une longueur impressionnante nous attend. Deux danseuses assurent la continuité du spectacle : Sammie Hermans et Aya Misaki. Aya parce qu'elle complète la qualité du mouvement de manière spectaculaire. Sammie, qui, à l'instar de ranking kissing sacrifice, parvient d'abord à maintenir la tension languissante, avant que le spectacle ne franchisse un mur du son rédempteur au cours d'une apothéose totale.
Là où Calixto s'émerveille surtout de la mythologie des femmes ("son mystère est là pour être expérimenté et non clarifié"), Djojokarso aborde un problème féminin très concret.
Une grossesse non désirée.
Maman : Moi : "Où est mon père ?
Vous l'avez compris : maman. Et il suffit d'oser le faire : faire un portrait pulvérisant de sa mère alors que cette même mère se trouve dans le public. La lutte pour l'existence, entre mère et fils, est une lacération de la moelle. L'un de ceux que vous connaissez est désespérément nécessaire.
Bien que Maman:Moi commence par être bien élevé et prévisible en tant que spectacle 8+ avec un décor de voyage pratique (un chalet en bois avec un toit en tôle ondulée), mais il est loin d'être prévisible.
Kalin Morrow et Jochem Eerdekens, qui ne sont heureusement pas stéréotypés, vous entraînent ensuite pendant une heure dans des minutes de pluie tropicale et dans une relation extrêmement troublée. Le tout est soutenu par la danse et le chant doux de Gerty Van de Perre. C'est surtout l'illogisme brutal d'un chagrin non assumé et la stupidité d'une dispute qui sont conflictuels. D'autant plus que sans confrontation, il n'y aurait pas de solution. Djojokarso dépeint cela avec justesse dans des mouvements étonnamment désordonnés, mais qui ont l'air organiques. Phénoménal. La vie vaut la peine d'être vécue malgré tout.