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Pourquoi je serai gentil avec un mendiant la prochaine fois. (Ce qu'Ilay den Boer ne peut pas faire)

Parce qu'il faisait un temps record, j'ai marché d'Amsterdam Centraal au Theater Bellevue le dimanche 17 février 2019. J'allais voir le spectacle "And so I shall go again". Ilay den Boer, quelqu'un que j'avais l'habitude de fréquenter. suivi de manière intensive, mais que j'avais perdu de vue depuis que je ne suis plus un vendeur d'opinions rémunéré. J'ai pris le titre de l'émission comme un appel à l'action. C'est pourquoi j'y suis retourné.

Puis il s'est passé quelque chose. Quelque part sur De Singel, je l'ai vu s'approcher de loin, parmi les groupes de touristes, et il m'avait également repérée, car apparemment accessible. J'étais d'humeur enjouée, mais pressée, et je ne voulais pas rejeter d'emblée l'homme au regard de Lex Goudsmit. J'ai donc répondu "oui" à sa question de savoir s'il pouvait me demander quelque chose. Immédiatement après, il a dit : "Je suis sans-abri et...". Je me suis sentie mal à l'aise. Je me suis éloigné en disant "moi aussi". Ce à quoi il a répondu : "J'espère que ce n'est pas pour votre bien". Il avait l'air sincèrement surpris.

Malédiction

Qu'est-ce qui m'a pris ? Pourquoi ai-je menti à cet homme en pleine figure avec un pince-sans-rire aussi ridicule, qui n'était même pas intelligent ? En effet, n'ai-je pas attiré l'enfer sur moi en agissant de la sorte ? Les exemples littéraires abondent de personnes qui ont payé cher la malédiction d'un clochard. Et si j'étais moi-même un sans-abri ? Je ne survivrais pas un jour. Certainement pas aussi longtemps qu'il avait déjà, pour une raison ou une autre, fait de la mendicité sa profession. Ce furent des pensées assez dérangeantes pour le reste de la promenade.

La représentation du Theatre Group Ilay n'avait pas encore commencé. Il s'agit d'un spectacle sur les sans-abri. Ilay den Boer, le fils d'un homme que j'ai autrefois a appris à connaître en tant que laquais dans un hôtel de luxe d'Ermless, est un maître de la narration. Il raconte de telle manière que l'on est presque certain que tout ce qu'il raconte est la vérité, et rien que la vérité. La plupart du temps, c'est le cas. Mais avec un petit quelque chose en plus. Après tout, c'est un homme de théâtre.

Incontournable Ilay

Dans "And so I shall go again", Ilay den Boer n'est pas lui-même sur scène et n'a pas non plus coécrit les paroles. Il n'a fait qu'imaginer le concept et assurer la mise en scène. Pourtant, ce spectacle, interprété par le chanteur/acteur René Jonker et la musicienne Rosalie Wammes, écrit par Jurjen Sytsma, est indubitablement un spectacle d'Ilay den Boer. Il y a de la séduction, de la ruse, de l'émotion et parfois de l'exagération, mais avec un cœur d'or. Et c'est si bien fait que l'on se demande régulièrement si ce que l'on voit est réel.

Ainsi, Rosalie Wammes, dotée d'un talent musical et d'un regard extrêmement rêveur, regarde tout le temps, derrière sa harpe, son orgue électrique et son synthétiseur, René Jonker, qui incarne avec assurance un chasseur de liberté sans domicile fixe ayant un problème parental. Ce regard est à la fois admiratif et inquiet. Comme si cette musicienne professionnelle devait aussi veiller à ce que le projectile non guidé qu'est Rik, qui se tient devant elle et qui raconte ses histoires et chante des chansons, ne se laisse pas distraire. Car la dernière fois aussi, les choses ont mal tourné avec ce passage émouvant. Le réalisateur Ilay den Boer fait bon usage de ce jeu avec la règle du "comme si".

L'armée

Den Boer, en préparation de cette pièce, a travaillé à l'Armée du Salut. L'endroit où l'on peut entendre les histoires souvent fleuries, parfois inventées, mais toujours tragiques et pleines d'autodérision d'hommes qui ont pris quelques mauvais virages dans la vie à cause de diverses circonstances. Il s'agit aussi de la paternité, et peut-être encore plus de la maternité. Des choses qui, pour moi, orphelin de père et d'enfant depuis quarante ans, sont surtout des abstractions.

Ce qui m'a le plus marqué, c'est peut-être l'absence d'apitoiement dans l'histoire. Car c'est souvent cet apitoiement qui rend les histoires de mendiants sans-abri si prévisibles et repoussantes. C'est ce que je craignais tant lorsque, sur le Singel, j'ai rejeté cet homme à la chevelure blanche et féroce. Avec une remarque qui débordait en fait de mon propre apitoiement, ce qui lui a valu une réponse étonnamment douce et aimable. J'ai soudain ressenti le besoin d'une bonne conversation avec ce sans-abri.

Une telle performance peut déclencher beaucoup de choses.

Bon à savoir Bon à savoir

Le spectacle "And so I shall go again" du Toneelgroep Ilay est encore à l'affiche jusqu'au 10 mars au Theater Bellevue, tous les jours à l'heure du déjeuner. Elle se poursuivra ensuite jusqu'au 24 avril dans différents lieux du pays. Informations.

Wijbrand Schaap

Journaliste culturel depuis 1996. A travaillé comme critique de théâtre, chroniqueur et reporter pour Algemeen Dagblad, Utrechts Nieuwsblad, Rotterdams Dagblad, Parool et des journaux régionaux par l'intermédiaire d'Associated Press Services. Interviews pour TheaterMaker, Theatererkrant Magazine, Ons Erfdeel, Boekman. Auteur de podcasts, il aime expérimenter les nouveaux médias. Culture Press est l'enfant que j'ai mis au monde en 2009. Partenaire de vie de Suzanne Brink Colocataire d'Edje, Fonzie et Rufus. Cherche et trouve-moi sur Mastodon.Voir les messages de l'auteur

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