'C'est vraiment le cas que les morts reviennent à un moment donné pour te chercher, et alors tu dois avoir une table avec eux.'
L'écrivaine italienne Marta Barone (34), qui consigne ces paroles dans son roman. Ville engloutieElle en fait l'expérience lorsqu'elle perd son père Leonardo, il y a maintenant 10 ans.
Barone a grandi avec sa mère et a entretenu tout au long de sa vie une relation difficile avec son père impénétrable, qu'elle savait chaotique, bruyant et immature. Hormis leur amour de la mythologie, ils ne partageaient rien en commun. Selon les circonstances, je le voyais se cacher derrière un masque différent à chaque fois", écrit Marta, ce qui l'irritait énormément, même lorsqu'elle était enfant. Aussi, lorsque Leonardo meurt, ce n'est pas une grande tragédie, car elle n'éprouve pas tant d'intérêt ou de chaleur pour lui.
Mais les choses changent lorsque Marta découvre qu'il était membre d'un mouvement communiste et qu'il a purgé une peine de prison pour son implication présumée dans une organisation armée. Alors qu'elle démêle peu à peu le passé de son père et commence à comprendre qui il était et pourquoi, un chapitre complexe et sombre de l'histoire italienne se dévoile également : l'époque des années 1970 où les luttes d'émancipation des travailleurs et autres bonnes intentions se sont terminées dans le sang, la violence et l'extrémisme.
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Le livre commence de façon trébuchante. En tant que lecteur, tu éprouves le même manque de sentiment et d'intérêt que l'auteur ; la relation avec l'histoire de la vie de " Il Barone " reste aussi distante et exsangue que celle de la fille avec son père. Mais à partir de la deuxième partie, l'atmosphère devient plus chaleureuse, les couleurs plus profondes, les personnages plus vivants, l'histoire gagne en élan et en tension. Les faits réels de cette histoire de vie tragique commencent à former un roman captivant, et Leonardo devient un personnage de plus en plus intriguant.
Une vieille légende sur une ville russe qui aurait sombré dans un lac lors d'une attaque et qui brillerait encore dans les profondeurs sert de merveilleuse métaphore à Leonardo Barone. La quête de sa fille lui permet, ainsi qu'au lecteur, de "discerner ses contours blanc-or sous la surface du lac, et d'entendre le carillon sourd des cloches de l'église". De même, le savoir-faire avec lequel Barone a composé son roman miroite sous la surface de l'histoire.
Traduit par Manon Smits, 316 p., Ambo Anthos, 22,99 €.