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Un nouveau regard sur un chef-d'œuvre récompensé par un prix Nobel peut ne pas utiliser un mot de ce chef-d'œuvre.

Dans le monde francophone, tout le monde a lu l'Étranger d'Albert Camus. Ce livre de 1942, que de nombreux Néerlandais ont également lu, ne serait-ce que parce qu'il est beau et fin pour la liste de lecture française, raconte l'histoire d'un Français blanc résidant en Algérie, un soi-disant "étranger". pied-noir, qui est tellement convaincu de l'absurdité de la vie qu'il assassine un Arabe, sans réel motif clair. En 2014, Kamel Daoud, un auteur algérien, a écrit le livre Meursault, Contre-Enquête, dans lequel il donne à l'Arabe sans nom un nom et une existence, en réponse au colonialisme indifférent du personnage principal du livre de Camus.

Cette année, le Holland Festival propose un spectacle créé par le Schauspielhaus de Zurich et le Théâtre Vidy-Lausanne, qui reprend le fait de l'Arabe sans nom dans l'œuvre de Camus. Deux acteurs, Mounir Margoum, d'origine marocaine, et l'auteur de l'œuvre de Camus, sont à l'affiche. pied-noir Thierry Raynaud joue les rôles de Daoud et de Camus dans un spectacle parfois éblouissant qui finit par inclure des coups de feu.

Un e-mail de l'éditeur

J'ai discuté avec les acteurs après la représentation. Thierry Renaud explique comment ils en sont arrivés à ce spectacle : "Le metteur en scène Nicolas Stehmann voulait d'abord faire une adaptation du livre Meursault, Contre-Enquête. Quand tu le lis, tu sens qu'il a tellement de choses à voir avec l'Étranger que tu ne peux plus les voir séparément. Il perd de sa saveur si tu les vois séparément. Si tu connais l'Étranger et que tu lis Daoud, c'est beaucoup plus intéressant.

'Nous voulions donc travailler sur les deux livres, mais nous avons reçu un e-mail de l'éditeur de Catherine Camus, la petite-fille d'Albert Camus, disant que nous n'avions pas le droit d'utiliser une lettre de l'Étranger si nous l'associions à Daoud. Nous avions donc le droit d'éditer l'Étranger, mais sans utiliser Contre Enquête dans le processus. En y réfléchissant, nous avons découvert que c'était exactement le cœur de notre projet : comment tuer "un Arabe" ?

Un cadeau du ciel

Mounir Margoum abonde dans le même sens : " C'était un cadeau du ciel. Je me souviens de Thierry qui disait : maintenant je n'ai plus de légitimité pour participer à ce projet, en tant que Français blanc. Je lui ai dit : tes parents sont originaires d'Algérie, tu as autant le droit de participer que moi, parce que je ne suis pas algérien, je suis né au Maroc. C'est comme ça qu'on a discuté.

Thierry Renaud confirme l'importance de Camus : "l'Étranger est un classique en France. Tout le monde le lit à l'école, il fait partie de ton bagage. C'est une référence.

Un village français

Margoum ne connaissait pas le livre : " Presque tout le monde l'a lu, ou en a au moins entendu parler. Cela fait partie de l'école. Je suis l'une des rares à ne pas l'avoir lu. J'ai commencé à le lire quand nous avons lancé ce projet. Quand je l'ai terminé, je me suis dit : wow, quel livre incroyable. Je savais qu'il se déroulait en Algérie, mais j'avais l'impression qu'il se déroulait dans un petit village français. Tous les personnages sont français, sauf "l'Arabe", qui était en fait un étranger dans son propre pays. Puis j'ai lu le livre de Daoud, qui se demandait aussi pourquoi l'Arabe dans l'Étranger n'avait même pas de nom. À l'époque, j'ai compris pourquoi Camus avait procédé ainsi. Il décrivait comment quelqu'un était condamné à mort, non pas parce qu'il avait tué un homme, mais parce qu'il n'avait pas pleuré à l'enterrement de sa mère. L'Arabe n'a pas de nom. Vivons-nous dans le même pays ?

Un acte d'agression

Thierry Renaud a été particulièrement saisi par l'absurdité de l'intrigue : 'Meurseault est le personnage central du livre, alors que le monde qui l'entoure est complètement abstrait. Il y a des histoires d'amour, mais elles sont complètement conventionnelles. Cela m'a particulièrement choqué. Et maintenant, il y a beaucoup de Français qui pensent qu'on ne peut pas commenter ce livre. J'ai parlé à un ami qui considérait cette pièce comme un acte agressif.'

Bon à savoir Bon à savoir
Contre-Enqêtes peut être vu au Holland Festival. Informations et réservations.

Wijbrand Schaap

Journaliste culturel depuis 1996. A travaillé comme critique de théâtre, chroniqueur et reporter pour Algemeen Dagblad, Utrechts Nieuwsblad, Rotterdams Dagblad, Parool et des journaux régionaux par l'intermédiaire d'Associated Press Services. Interviews pour TheaterMaker, Theatererkrant Magazine, Ons Erfdeel, Boekman. Auteur de podcasts, il aime expérimenter les nouveaux médias. Culture Press est l'enfant que j'ai mis au monde en 2009. Partenaire de vie de Suzanne Brink Colocataire d'Edje, Fonzie et Rufus. Cherche et trouve-moi sur Mastodon.Voir les messages de l'auteur

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