Avec La rivière est une plaie pleine de poissons La Colombienne Lorena Salazar Masso fait des débuts littéraires percutants.
Qu'est-ce que cela signifie d'être une mère, quand est-ce que tu es réellement une mère ? Peux-tu être mère même si tu n'as pas donné naissance à ton enfant toi-même ? En tant que mère sans enfant, es-tu toujours une mère ? C'est le thème de ce magnifique roman d'atmosphère. La rivière est une plaie pleine de poissons.
Une mère sans nom et son fils en bas âge - elle est blanche, il est noir - voyagent en bateau de Quibdó à Bellavista. C'est un long voyage sur l'Atrato, un fleuve qui serpente dans l'ouest de la Colombie, apportant à la fois le salut et la dévastation aux villages voisins : L'Atrato relie les marchés et sépare les gens. La rivière lave les vêtements, vous nourrit, transporte les enfants, baigne les femmes, cache les morts. Le fleuve ne fait pas de distinction : il bénit et noie".
Un voyage qui n'est pas sans risque, en raison de la mort et de la terreur que les mouvements de guérilla sèment à travers le pays. Au fur et à mesure que le voyage progresse, des coups de feu retentissent de plus en plus près.
Terrifié
Peu à peu, le but du voyage de la mère et de l'enfant devient clair : ils sont en route vers Gina, la mère biologique du garçon, parce qu'elle est impatiente de le voir. La narratrice anonyme répond à cet appel, mais à chaque mètre qui les rapproche de Bellavista, elle sent la peur intérieure s'enflammer plus violemment. Elle est terrifiée à l'idée de perdre son fils et de devoir le remettre à sa "vraie" mère.
Et cette peur devient encore plus forte lorsqu'il s'avère que Gina a perdu ses trois autres enfants - le plus jeune à cause du paludisme, les deux plus âgés à cause de la guerre - et qu'elle est donc désormais une mère sans enfant.
Lorena Salazar Masso, 30 ans, raconte une histoire émouvante de parentalité dans ce premier roman captivant. Elle parsème son livre de belles images et métaphores et dessine des phrases qui t'invitent à t'arrêter un instant : 'Je donne une mère à mon garçon tous les jours. Je la lui remets habillée des vêtements que je porte pour aller au marché.'
De plus , La rivière pleine de poissons brosse également un tableau poignant de la Colombie, en particulier du département de Chocó, où l'électricité s'éteint à sept heures du soir et où les pauvres utilisent des bougies pour éclairer la soirée. De la part d'une écrivaine qui ose terminer son premier roman comme le fait Lorena Salazar Masso, nous allons certainement en entendre davantage.
Lorena Salazar Masso, La rivière est une plaie pleine de poissons (184 p.). Traduit de l'espagnol par Irene van Mheen, Signatuur, 24,99 €.