Stopper la baisse des ventes de livres en néerlandais, assurer une plus grande attention à la littérature. C'est la seule façon d'inverser la tendance des chiffres du CPNB présentés jeudi, pense l'Union des auteurs, le groupe d'intérêt des écrivains et des traducteurs qui compte 1 750 membres.
D'ici 2022, il se vendra 10% de moins de fictions en néerlandais. Un livre sur cinq est désormais acheté dans une autre langue que le néerlandais. Si ces tendances se poursuivent, les lecteurs auront de moins en moins de choix dans leur propre langue et les créateurs perdront leur public. Cette évolution est également inquiétante pour les éditeurs, les libraires, les bibliothèques et les autres acteurs de la filière du livre.
La baisse des ventes de livres néerlandais en général et de fiction néerlandaise en particulier n'est pas un phénomène naturel, mais en partie le résultat de décennies de politiques de réduction des effectifs culturels et d'appauvrissement de l'enseignement littéraire. Les coupes dans l'infrastructure littéraire, des festivals littéraires aux magazines littéraires en passant par les bibliothèques, ont conduit à une stérilité. Alors que cette infrastructure est essentielle non seulement pour que la littérature néerlandaise s'épanouisse, mais aussi pour qu'elle se développe en donnant à des voix nouvelles et diverses une chance d'atteindre un public plus large.
L'appauvrissement de l'enseignement de la lecture et de la littérature contribue à la tendance à la privation. Dans ce contexte, il est particulièrement regrettable que l'attention portée aux livres (néerlandais) diminue dans les journaux, à la radio, à la télévision et dans d'autres médias. Plus cette évolution se prolonge, plus elle se reflète clairement dans les chiffres (et pas seulement dans les chiffres).
La fiction remet la réalité en question
Gustaaf Peek, romancier et membre du conseil d'administration du syndicat des auteurs : "Dans une société libre, l'art est le canari dans la mine de charbon. La fiction remet en question la réalité, mais l'espace pour la fiction se rétrécit. Est-ce ce que nous voulons en tant que société ? Un retournement de situation n'est possible que par une volonté et une politique politiques. L'attention ne naît pas d'elle-même, c'est toi qui la crée. L'attention génère l'attention.
Anne Marie Koper, traductrice et présidente de la section des traducteurs du syndicat des auteurs : 'Pendant des années, la domination de l'anglais s'est faite au détriment d'autres langues, comme le français et l'allemand, mais on constate aujourd'hui que le néerlandais est également écrasé. La surreprésentation de l'anglais ne conduit pas à un élargissement mais à un rétrécissement.'
Le monde de la musique montre qu'il est possible d'agir différemment, observe Gustaaf Peek : "La musique néerlandaise est populaire sans relâche depuis des années dans une variété de genres ; de la pop au hip-hop, en concurrence avec la musique de langue anglaise. Là, tu peux voir ce que tu peux obtenir avec de l'attention. La même chose peut se produire avec les livres.
Inverser la tendance
BookTok montre que les jeunes veulent lire, mais pour le sujet de l'enseignement du néerlandais et de la littérature, ils ne ressentent souvent que peu d'enthousiasme. Il y a donc des opportunités à saisir. Aide les enseignants en faisant à nouveau de la littérature de jeunesse une matière obligatoire dans les écoles secondaires. Fais en sorte que l'enseignement de la littérature soit axé sur l'imagination plutôt que sur la dissection.
Le syndicat des auteurs lance un appel aux créateurs, aux lecteurs et aux décideurs : Soyez plus fiers de notre langue ! Il y a 24 millions de néerlandophones ; ce nombre de locuteurs natifs est égal à celui du danois, du norvégien et du suédois réunis.
La littérature néerlandaise est bien vivante et polyvalente. Elle mérite bien plus que ce que les chiffres du CPNB reflètent.