Le plus dur quand on reprend le travail après les vacances d'été, ce sont les récits de vacances des collègues. Ou de toi-même. Cette vue fantastique, ce camping unique, cette plage magnifique, ce restaurant où tu as eu la meilleure nourriture du monde pour pas un rond, ce peuple indigène que tu as visité en premier avec ton bus touristique. Ce moment de gêne climatique que tu as réussi à remettre à l'année prochaine, parce que les enfants.
Pendant un moment, j'ai eu peur qu'Eric de Vroedt, directeur artistique du Théâtre national, nous régale de la sorte avec son récit de voyage en Indonésie, mais... Son état du théâtre à l'ouverture du festival annuel de théâtre s'est avérée différente. Bien qu'il s'agisse au départ d'une histoire de vacances.
Likeminds et les codes
Certains, dont je fais partie, s'attendaient encore à ce que ce discours de célébration dans lequel un personnage important du secteur fait le point soit mis à jour à la dernière minute. Après tout, ce jeudi matin était un article explosif a été publié dans le CNRC Sur les fautes professionnelles à Likeminds.
Cette institution de développement semble avoir été dirigée pendant des années par un fondateur qui n'a pas été très scrupuleux en ce qui concerne les pratiques équitables et la protection des droits de l'homme. #metooLe conseil de surveillance, composé du même homme depuis des années, semble avoir bafoué le code de gouvernance culturelle. Puisque cela semble désormais se produire si souvent dans le secteur artistique qu'on ne peut plus parler d'"incidents", un discours enflammé d'Eric de Vroedt aurait été le bienvenu. Il ne l'a pas fait, peut-être en partie parce que sur le site spécialisé Theatererkrant en avait fini avec elle lorsqu'il a été annoncé qu'il avait reçu l'honneur de l'État.
Ne pas laisser la diversité dégénérer
Pourtant, l'argumentation de De Vroedt, rédigée avec soin comme nous sommes en droit de l'attendre de lui, s'est construite de telle sorte qu'il est parvenu à maintenir la tension. De Vroedt avait un autre plan, au moins aussi passionnant. Il s'est attaqué à l'intense division au sein de la communauté des Néerlandais des Indes orientales, à laquelle il appartient lui-même. S'inscrivant parfaitement dans la lignée des dernières réflexions sur la diversité et l'inclusion, son état du théâtre a débouché sur un appel à ne pas laisser la recherche de la diversité dégénérer en un royaume insulaire peuplé de minorités qui se battent à mort.
"En ce qui me concerne, c'est le défi des années à venir : offrir un espace aux perspectives opprimées, mais aussi les intégrer dans des récits plus vastes sur et pour l'ensemble de la société. Parce qu'une société saine ne peut tout simplement pas exister sans relier les histoires entre elles. Sans tomber dans le simple regard blanc ou le doux théâtre de Benneton. Créer des histoires dans lesquelles tous ces nouveaux locuteurs sont célébrés, mais aussi autorisés à se heurter intérieurement et entre eux. Dans lesquelles ces points de vue ne se retirent pas en toute sécurité dans leur propre biotope, mais se cherchent continuellement, se sondent, s'engagent."
" ET : dans lesquels ils ne se battent pas seulement pour leur sexe, leur foi ou leur couleur, mais remettent surtout en question Le système dont nous faisons, tous, partie. Sur scène, parlons un peu plus souvent des inégalités sociales. De la classe sociale. De l'érosion des institutions et des multinationales manipulatrices. À propos de Big Tech, Big Pharma, Big Agro."
Rock indo accrocheur
Il n'y a pas grand-chose à ajouter à ces dignes paroles. Ou alors, c'est qu'avec son état du théâtre, De Vroedt a fait une autre chose sur laquelle j'aimerais mettre un solide ampli : la musique. De Vroedt avait invité un groupe de rock indo exceptionnellement entraînant. Il avait été séduit par leur musique en se rendant à une répétition, et il faut dire que Djanger de Nusantara Beat est une chanson délicieuse. Après le discours de De Vroedt, le groupe s'est produit en direct, et ce fut un véritable festin.
Ce spectacle m'a encore fait prendre conscience de la stupidité des cloisons que nous avons établies entre les genres. De Vroedt y fait référence. Heureusement, de plus en plus de gens se rendent compte qu'il est idiot d'avoir du théâtre à côté de la danse et de la musique, et que ceux-ci ont souvent des lieux distincts, leur propre public et leurs propres critiques.
Tous les genres s'il vous plaît ensemble
Toute ma vie, j'ai aspiré à un théâtre qui ait la puissance de la musique pop et le dynamisme de la danse. "Mais c'est à ça que sert la comédie musicale, non ?", t'entends-je dire. Mais non, car la comédie musicale est aussi un genre à part entière avec ses propres règles, son style et ses lois.
Ce serait bien, si en plus de prévenir les bulles dans lesquelles chaque minorité se sent en sécurité mais ne l'est pas en réalité, nous repensions aussi les genres et les styles.
Retour aux sources en Afrique, en Grèce et en Inde. Un höken nigérian unique à Shakespeare avec des danses de Bollywood. Dirigé par Eric de Vroedt.
Je viendrai certainement te voir.
Lis l'état du théâtre ici :
L'état du théâtre-2023-NTF-par-Eric-de-Vroedt-def.-version-1