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The Tempest Society : Dommage que Jesse Klaver n'ait pas été dans le public #HF17

Lutte est de loin le mot qui tombe le plus dans le triptyque vidéo 'The Tempest Society'. La lutte pour une existence digne, la lutte pour les papiers, la lutte contre un système qui ne veut pas te donner de droits. Réfugiés lutte jour après jour, année après année, avec cette affaire.

Dans ce triptyque vidéo, le réalisateur franco-marocain donne... Bouchra Khalili (Casablanca, 1979) donne une voix aux invisibles. En laissant les émigrants raconter eux-mêmes leur histoire, elle leur donne une visibilité dans une société qu'ils préféreraient ne pas voir. Elle ne travaille pas avec des acteurs professionnels mais avec des gens "ordinaires".

"L'Europe a une longue histoire mais une mémoire courte".

Ses thèmes principaux, la migration et les droits civiques, sont exprimés cette fois par trois résidents d'Athènes, avec lesquels elle crée un collectif. Ce collectif "The Tempest Society" est un hommage au collectif "Al Assifa" (la tempête). Ce groupe, également composé d'un noyau dur de trois personnes, s'est battu pour les mêmes questions à Paris dans les années 1970.

Il ne reste que peu de matériel pour reconstruire 'Al Assifa' à partir des années 1970. Mais la façon dont la tentative prend forme est émouvante. Les artistes athéniens tiennent trois photos des trois membres devant leur visage et parlent du groupe. Le dernier membre survivant d'Al Assifa, Phillipe, professeur de philosophie, se glisse dans la salle et lit le manifeste du groupe. C'est un bel hommage au passé du théâtre politique et en même temps le pont et la justification de ce que nous verrons ensuite.

Stathis Mamalakis

"Théâtre sans spectacle ou spectacle sans théâtre ?"

 Que s'est-il passé autour de la migration depuis les années 1970 ? Suit un pêle-mêle d'annonces sur les constitutions, les incidents, la Junte et les histoires individuelles.

Le spectacle n'a pas de structure narrative traditionnelle mais se compose de trois parties qui 1. Histoire 2. Jouer et 3. Personnages comme son titre. Il y a également un interlude musical et un épilogue. Khalili opte pour des nuances de gris dans l'image et l'absence d'émotion dans la pièce. Le style narratif neutre a pour but de donner au spectacle l'allure d'un journal journalistique. Il ne s'agit pas de faire preuve de compassion. Khalili considère la migration comme un acte de résistance contre un ordre établi. La dernière chose qu'elle souhaite, c'est de présenter les migrants comme des personnes vulnérables et peu autonomes.

Ce n'est que lorsque les histoires personnelles de Katarina et d'Elias sont racontées que les acteurs regardent la caméra. Katarina, enfant de parents ghanéens réfugiés, est née complètement privée de ses droits dans un hôpital d'Athènes. La seule preuve officielle de son existence est son acte de naissance. Son destin dépend de n'importe quel policier qui peut l'arrêter et l'expulser dans la rue.

Le Kényan Elias est arrivé en Grèce à l'âge de quatre ans et s'est assimilé comme personne. Mais il est arrivé à la conclusion qu'il était toujours traité comme "l'étranger, l'autre".

"Le théâtre respecte nos paroles"

 Le fugitif syrien Malek, l'un des acteurs invités dans ce film, parle de l'importance de pouvoir et d'être autorisé à faire du théâtre. Combien il est important pour ton estime de soi de pouvoir parler en ton nom. De pouvoir donner de la beauté à tes histoires tristes en les racontant devant un public. Il a fait un spectacle avec des enfants réfugiés syriens dans un refuge. Plus tard, lorsqu'ils ont pu aller à l'école et qu'ils ont dû se battre pour leurs droits fondamentaux, une deuxième représentation sur la vie ici et maintenant à Athènes n'a pas vu le jour.

The Tempest Society' est un bombardement informatif d'histoires autour du thème de la migration. Il est intéressant de noter qu'il n'opte pas pour le chemin pavé de l'émotionnel "l'histoire de la souffrance appelée fuite" avec un début, un milieu et une fin. Pourtant, le film s'accélère vraiment lorsqu'il y a de la place pour les histoires individuelles. Celles-ci rendent tangible pour nous, spectateurs, ce que c'est que de survivre privé de ses droits. Les autres parties du film relèvent trop de l'exercice intellectuel.

Pourtant, sur le fond comme sur la forme, donner la parole à l'autre est une aventure passionnante. La migration n'est pas une "petite chose". Dommage que Jesse Klaver n'ait pas été dans le public. Cela aurait donné lieu à un beau cœur à cœur.

Hannah Roelofs

Dramaturge, coach en discours et élève professeur d'anglais.Voir les messages de l'auteur

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