"Nous voulons tous jouer, mais les étiquettes rendent parfois les choses difficiles. On commence alors à douter de ses qualités. Le chorégraphe néerlandais et brésilien Guilherme Miotto (45 ans) veut au contraire briser les frontières et rendre l'art accessible à tous. Le jeudi 24 octobre, sa double performance "Unpunished Youth x Poles" sera présentée au Festival Circolo de Tilburg..
Guilherme Miotto s'intéresse davantage à ce qui nous rapproche qu'à ce qui nous différencie. Il n'aime pas les étiquettes ou les mouvements de danse compliqués et souhaite mettre en valeur les mouvements instinctifs que nous maîtrisons naturellement. "Le corps est déjà extrêmement technique", explique Miotto. "Par exemple, vos mains prennent déjà la bonne forme chaque fois que vous prenez quelque chose, même si vous ne l'avez jamais vu auparavant.
Selon Miotto, nous ne nous abandonnons pas suffisamment à ce que le corps peut déjà faire. Il veut changer cela avec une approche qu'il développe depuis 20 ans et qu'il enseigne à l'Académie du théâtre de Maastricht : Instinctive Performance. En outre, en tant que directeur artistique de la Corpo Máquina Society et du projet en cours Unpunished Youth, il souhaite que les jeunes, qu'ils aient ou non une expérience artistique, découvrent leur liberté de mouvement.
La performance instinctive
Miotto ne veut pas réinventer la danse. Pour lui, la danse est une évolution et non une révolution. Le développement est donc le principal moteur de son travail, qu'il considère comme l'opposé de la performance.
Miotto croit fermement que les gens s'épanouissent et prennent de plus grands risques lorsqu'on leur donne la certitude qu'ils peuvent faire quelque chose. Par exemple, il ne dit jamais aux enfants qu'ils vont faire du théâtre ou apprendre des techniques de danse. "Nous voulons tous jouer, mais les étiquettes rendent parfois les choses difficiles. On commence alors à douter de ses qualités.
Miotto veut en effet faire tomber les barrières et rendre l'art accessible à tous. Pour ce faire, il met le corps en scène et donne une tribune à des jeunes issus de quartiers défavorisés, dont certains n'ont jamais entendu parler du théâtre auparavant. Il encourage ses étudiants de l'Académie du théâtre de Maastricht à s'abandonner à ce que le corps peut déjà faire. "Nous nous concentrons souvent sur tout ce que nous ne pouvons pas encore faire, mais je préconise de regarder aussi ce que nous pouvons faire et de nous en inspirer.
Gravité et vulnérabilité
En tant que directeur artistique de la société Corpo Máquina, Miotto travaille sur des spectacles de danse et des "System Hacks". Dans ces derniers, il tente de "casser le système" en faisant monter sur scène, en l'espace de quelques heures ou d'une journée, des personnes qui n'ont pas des années d'expérience ou de formation professionnelle. Pour le spectacle "Poles" et le hack de système "Unpunished Youth", Miotto travaille avec trois freerunners et 12 jeunes de l'AZC d'Oosterwijk qui espèrent commencer une nouvelle vie aux Pays-Bas.
Le spectacle de danse Poles a été créé à l'origine pour la danseuse de pole dance Yvonne Smink. En raison d'une blessure, la performance a été adaptée pour trois freerunners : Alex Fito Ayala, Ahmed Zariohi et Tim van den Bos de Lucas. En utilisant le freerunning (un sport dans lequel le coureur grimpe et saute gracieusement à travers un environnement urbain), les jeunes jouent avec la gravité et la vulnérabilité. Cette fois-ci, l'obstacle n'est pas la ville, mais un cadre d'escalade en acier grandeur nature. En arrière-plan, on entend la musique subtile d'Isaac Poels au synthétiseur.
Projets futurs
À l'avenir, Miotto veut continuer à faire ce genre de System Hacks aussi souvent que possible, afin que cette nouvelle approche devienne de plus en plus normale. En outre, il souhaite continuer à travailler sur ses spectacles de danse et prendre plus de temps pour cela. "Parce que tout va si vite, nous ne pouvons pas toujours utiliser tout ce que les autres ont à offrir dans un spectacle. Et c'est dommage, parce qu'il y a tellement de richesses en chacun. Nous laissons souvent le temps nous bousculer, au lieu d'utiliser le temps dont nous disposons. Le temps est un cadeau, pas un ennemi".