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Les vies argentines tournent inexorablement à la destruction entre les mains de Mariano Pensotti.

Les platines et le théâtre ont quelque chose en commun. Ces dernières années surtout, le spectateur de théâtre court de plus en plus souvent le risque de se retrouver face à une scène dite tournante. Après que Johan Simons a utilisé cette figure de style technique dans sa mise en scène de Hiob au Kammerspiele de Munich et dans sa mise en scène d'un film d'animation, il a été décidé de mettre en place un système de rotation. Christoph Schlingensief a fait tourner la scène de façon spectaculaire lors de son chant du cygne Mea Culpa, c'est maintenant au tour de l'Argentin Mariano Pensotti. Son spectacle El pasado es un animal grotesco (le passé est un animal terrible) tourne littéralement autour de quatre histoires de vie.

La petite platine est en bois rustique et nous donne une vue de quatre salles de séjour dans des appartements de grandes villes. C'est du moins ce que l'on peut déduire de l'ameublement par ailleurs extrêmement austère et clairsemé.

Quatre acteurs racontent l'histoire de quatre âmes plus ou moins solitaires dans la grande ville. Des vies qui se suffisent à elles-mêmes, pathétiques parfois, risibles ici et là et aussi et bizarres, comme l'histoire de l'écrivain amateur qui se retrouve soudain affublé d'une main coupée livrée par la poste.

Les vies que Pensotti dépeint dans sa pièce sont assez reconnaissables pour le métropolitain moderne, mais sont encore une fois plus éloignées de nous que nous ne le pensons. Après tout, les dix années couvertes par la pièce ont été totalement différentes en Argentine et aux Pays-Bas. L'économie argentine a connu plusieurs crises extrêmes qui ont rendu la classe moyenne beaucoup moins sûre de sa position que dans le nord-ouest de l'Europe. La crainte que les économies, les pensions et les biens immobiliers ne s'évaporent d'un seul coup est beaucoup plus concrète en Argentine qu'ici.

La fatalité que Pensotti et son public argentin considèrent comme acquise et qui plane sur la pièce est absente ici, ce qui rend le rythme meurtrier auquel la pièce est racontée plus fatigant qu'inquiétant. Aussi parfait que soit le carrousel des petites et grandes souffrances, et aussi beau que soient les acteurs qui maintiennent leur jeu informel presque hollandais, la pièce devient un peu ennuyeuse à la longue, d'autant plus que l'histoire est racontée de façon plutôt linéaire : les années se suivent proprement et inévitablement. Ainsi, tout comme lors d'un discours, tu peux savoir, d'après la pile de papier restante, combien de temps il reste à l'orateur, dans El pasado es un animal grotesco, tu commences involontairement à compter à rebours. C'est dommage.

Vu pendant le festival Noorderzon à Groningue, le 19 août 2011. El pasado es un animal grotesco est dans Rotterdam à voir les 27 et 28 septembre. Informations.

 

Wijbrand Schaap

Journaliste culturel depuis 1996. A travaillé comme critique de théâtre, chroniqueur et reporter pour Algemeen Dagblad, Utrechts Nieuwsblad, Rotterdams Dagblad, Parool et des journaux régionaux par l'intermédiaire d'Associated Press Services. Interviews pour TheaterMaker, Theatererkrant Magazine, Ons Erfdeel, Boekman. Auteur de podcasts, il aime expérimenter les nouveaux médias. Culture Press est l'enfant que j'ai mis au monde en 2009. Partenaire de vie de Suzanne Brink Colocataire d'Edje, Fonzie et Rufus. Cherche et trouve-moi sur Mastodon.Voir les messages de l'auteur

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