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Première de Wagner : un Lohengrin mutilé qui sort tout droit du temple de Wagner à Bayreuth

"Kinder !, macht Neues !, Neues !, und abermals Neues !" écrit Wagner à Franz Lizt. Et après le tout premier festival, il conclut que l'année suivante, tout devait être différent. Même un théâtre entièrement nouveau ne lui paraissait pas exclu.

Le Festspielhaus est toujours là. En grande partie en bois et donc le cauchemar de tout pompier dans cette ville de province allemande un peu terne qui, malgré une université et quelques entreprises technologiques haut de gamme, doit sa renommée mondiale au génial mégalomane qui a fait construire le théâtre sur une colline verdoyante pour ses opéras. Aux frais de l'État, avec l'aimable autorisation de Louis II.

Un théâtre qui, quatre générations plus tard, bien qu'il n'appartienne plus à la famille Wagner, est toujours étroitement géré par maintenant les arrière-petites-filles du compositeur. L'acoustique et la fosse d'orchestre invisible sont toujours inégalées, et il sonne toujours purement Wagner.

Les billets ? Oublie ça. C'est un véritable lieu de pèlerinage, où chaque été tu peux. Angela Merkel en plus de dire Michael Schumacher voit debout. Chaque représentation est rigoureusement complète, de la première à la dernière place. Les prix ne sont pas trop mauvais, mais la liste d'attente est longue. Ceux qui s'inscrivent maintenant pourraient donc faire le pèlerinage à Bayreuth faire.

Les traditions s'usent lentement, surtout à Bayreuth. Mais voici : à l'occasion de la 100e édition du festival, une nouveauté. La radio est là depuis des temps immémoriaux, les caméras ronronnent également depuis des années pour des productions vidéo et DVD, mais en direct, sur une chaîne de télévision publique ? Il aura fallu attendre pour cela le 14 août 2011. On aurait pu penser que la chaîne choisie, Arte, allait faire un coup d'éclat, dans l'esprit du maître. La retransmission de l'opéra du futur, un véritable Gesammtkunstwerk multimédia. Mais il n'en est rien. Une courte introduction, et hop, l'opéra en direct. Ou bien attends, non, justement pas ça.

En fin de compte, le direct ne s'est pas avéré être un vrai direct. À Bayreuth, chaque représentation, depuis des temps immémoriaux, commence ponctuellement à quatre heures. Cette heure de début précoce a une raison. Vous avez de longs opéras, de très longs opéras et puis vous avez Wagner. À Bayreuth, ils prennent donc vraiment leur temps avec des pauses pendant lesquelles tu peux prendre un dîner à trois plats. Des pauses qu'Arte aurait parfaitement pu remplir avec des informations de fond, une conversation préalablement enregistrée avec le réalisateur, un bavardage chaleureux depuis la colline verte ou, si nécessaire, un bon programme de cuisine. Après tout, le téléspectateur doit aussi manger. Mais la chaîne a choisi de diffuser les deux premiers actes en différé de 15 minutes, pour ne diffuser en fait que la dernière partie en direct.

Au moment où le Festspielhaus est déjà presque vide pour le premier entracte, nous entendons les premières notes. Nous voyons LohengrinNous voyons les nobles brabançons, dans la mise en scène de Hans Neuenfels Il y a des rats dans une expérience de laboratoire ratée, l'émergence d'Elsa, et puis... l'obscurité totale. Suivent quelques publicités pour la chaîne, puis des images de Jonas Kaufmann chantant une aria de façon déchirante. Merveilleux, mais Kaufmann a chanté le rôle-titre l'année dernière, et en plus, on entend vraiment Mozart. Après quelques minutes, on apprend qu'il y a des problèmes techniques avec la connexion à Bayreuth. Un peu plus de Kaufmann suit, puis nous revenons brusquement à Bayreuth, qui n'est manifestement toujours pas en direct.

Pour pouvoir le faire éventuellement, les pauses deviennent encore plus courtes. L'après-séance est tout aussi inexistante. Les applaudissements sont brutalement interrompus et nous nous lançons immédiatement dans un documentaire sur... RienziL'opéra de Wagner, celui-là même qui n'est jamais joué à Bayreuth sur l'ordre du maître. Un beau documentaire, tout de même. Mais l'année prochaine, tout doit changer.

Henri Drost

Henri Drost (1970) a étudié le néerlandais et les études américaines à Utrecht. A vendu des CD et des livres pendant des années, puis est devenu consultant en communication. Il écrit entre autres pour les magazines GPD, Metro, LOS !, De Roskam, 8weekly, Mania, hetiskoers et Cultureel Persbureau/De Dodo sur tout, mais si possible sur la musique (théâtre) et le sport. Autres spécialités : les chiffres, les États-Unis et les soins de santé. Écoute Waits et Webern, Wagner et Dylan et à peu près tout ce qui se trouve entre les deux.Voir les messages de l'auteur

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