L'envoûtant film de Martin Scorsese Hugo Le film qui a été numéro un au classement du public pendant un certain temps au festival de Rotterdam n'est pas si surprenant. Ce qui l'est, en revanche, c'est le film qui s'est hissé hier à la deuxième place et qui est aujourd'hui en tête du classement du public. Hugo déplacés de la première place : le documentaire Retour à la case départ dans lequel le cinéaste Petr Lom se penche sur l'état de l'Égypte après l'euphorie de la place Tahrir et le départ de Moubarak.
Eh bien, ce n'est pas si bien que cela. Pour l'Égyptien moyen, peu de choses ont changé ; en effet, d'après les récits parfois poignants, il semblerait que la police soit encore plus brutale que sous Moubarak. "Nous avons coupé la tête, mais la corruption demeure", déclare une autre personne. Ailleurs, un jeune vendeur de souvenirs en proie à la pauvreté raconte qu'il s'est rendu à la place Tahrir plein d'espoir, mais qu'il a été battu par des manifestants qui l'avaient pris pour un partisan de Moubarak. La famille a dû vendre la chèvre pour payer le médecin. Pour ne rien arranger, les touristes ne sont pas au rendez-vous.
Les scènes dans lesquelles Lom rend visite à la jeune Salwa, qui vit avec sa mère dans une ville à l'extérieur du Caire, sont déconcertantes et directes. Elle a trouvé (et perdu) son premier amour sur la place Tahrir et, après avoir été accusée de prostitution, elle est fondamentalement indésirable dans le village.
Elle dit à l'équipe de tournage : "Parlons plus loin à l'intérieur", mais elle n'est pas en sécurité là non plus. Certains hommes - des sortes de chefs de village autoproclamés - s'introduisent audacieusement à l'intérieur et commencent à mener la danse, jusqu'à ce que la bonne Salwa n'en puisse plus et hurle de colère.
Plus tard, nous la retrouverons au Caire, où elle a enlevé son foulard et enfilé de manière démonstrative une robe vaporeuse. Elle a tellement envie de profiter de la liberté, mais ce n'est pas facile tant que les garçons de la rue croient encore qu'ils peuvent faire la morale aux filles.
Pendant ce temps, toutes sortes de manifestations et de protestations se poursuivent au Caire, à une échelle plus réduite, mais les caméras du monde entier ont déjà tourné la page.
Retour à la case départ est l'une des contributions les plus fortes au programme Power Cut Middle East du festival. Il s'agit d'ailleurs d'une production canado-norvégienne.
Leo Bankersen
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