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Ce que l'on ressent lorsqu'on prend seul une décision qui bouleverse le monde.

Le fait que le Serbe Gavrilo Princip ait assassiné le prince héritier autrichien en 1914, déclenchant ainsi la Première Guerre mondiale, n'était jusqu'à récemment aux Pays-Bas qu'un fait historique aride. Mais maintenant qu'un siècle s'est écoulé depuis cet attentat, ce jeune combattant de la liberté fait encore parler de lui dans notre pays. Mais ce que De Warme Winkel fait avec le spectacle "Gavrilo Princip" est bien plus que "donner un visage".

photo : Sophie Knijff
photo : Sophie Knijff

Dans cette formidable performance, tu n'as pas l'impression d'observer les événements historiques à bonne distance. Tu es traîné dans l'histoire qui se précipite sans raison et sans point d'appui.

Comment Gavrilo Princip est-il passé à l'acte ?

La forme choisie par De Warme Winkel est à toute épreuve. Le groupe réalise un film sur place, c'est-à-dire dans les Van Gendthallen à Amsterdam. Tu vois en vrai comment les individus sont occupés à jouer et à enregistrer les scènes du film. En même temps, tu vois le film à grande échelle. Tu as donc l'impression d'un va-et-vient incessant : d'un côté, des individus se débattent dans une époque turbulente et incertaine ; de l'autre, leurs actions deviennent des événements historiques majeurs qui déchirent le monde. Tu ressens le contraste entre ce que fait un individu dans son petit horizon, des actions aux conséquences immédiatement visibles, et d'autre part la grande histoire enregistrée, incontrôlable, de ce qui est arrivé à l'humanité.

La caméra rôde sur le plateau, filmant les acteurs, les tableaux et les intérieurs, et fait un zoom sur Gavrilo. Cela se fait par l'intermédiaire du psychiatre Pappenheim, avec qui Gavrilo essaie de superviser sa vie pendant les années de son emprisonnement. Dans les scènes jouées, on voit le jeune révolutionnaire, qui veut que la Bosnie se sépare de l'empire des Habsbourg et rejoigne la Serbie. Il est animé par des idéaux : la vengeance, mais aussi l'amour. Le prince héritier doit mourir. Plus tard, en prison, Gavrilo réalise lentement qu'il va lui aussi mourir. Sous les larmes, il raconte à Pappenheim les choses ordinaires, petites et humaines auxquelles il aspire le plus à ce moment-là. Cette histoire émouvante résonne au milieu d'un décor en lambeaux après tous les enchevêtrements.

photo : Sophie Knijff
photo : Sophie Knijff

Certaines images et musiques prennent des connotations symboliques. The Warm Shop construit ce symbolisme de manière particulièrement belle, convaincante et polyvalente. Polyvalent dans le sens de : à la fois dramatique et ironique, à la fois réaliste avec des images historiques et comme surréaliste, comme dans un voyage. La marche funèbre de Chopin retentit lorsque les Autrichiens apprennent que leur prince héritier bien-aimé a été tué. Leur soirée agréable est gâchée. Sur les images du film, leur monde bascule. La gloire de l'empire se dissout et s'évanouit dans les larmes, le sang et les sons déformés de Chopin. Un homme et une femme se transforment en nains sans défense sur un billard. Le billard est un autre exemple de génie, depuis la scène maladroite dans un pub de la classe ouvrière où se forme le groupe de résistance, et se terminant par une image pitoyable de la classe supérieure déchue. Et pour mettre fin à tout sentiment romantique à ce sujet, la marche de la mort se dissout dans le hurlement des sirènes.

photo : Sophie Knijff
photo : Sophie Knijff

Gavrilo Princip' traite de l'authenticité face à des choix personnels radicaux. Le serment d'allégeance dans le café du peuple ressemble à une prière marmonnée par les gens d'église. Mais Gavrilo, un étudiant cultivé qui réfléchit beaucoup, y exprime son propre motif sacré.

The Warm Shop te fait ressentir de manière époustouflante ce que c'est lorsqu'un jeune issu du bas de l'échelle sociale dépasse son existence limitée et ressent le besoin de faire quelque chose d'important dans le monde. Une énergie est libérée qui ne peut pas être réintégrée dans l'existence tranquillement ondoyante qui dominait une grande partie de l'empire des Habsbourg.

N'est-il pas prévisible que The Warm Shop tire un trait à la fin sur les Syriens, les auteurs idéalistes de la violence de notre époque, et peut-être de notre pays ? C'est le cas, en effet. Quelle est sa fonction ? Aux Pays-Bas, les gens osent à peine se laisser atteindre par la peur évoquée par les djihadistes. Comparée à l'aventure dans laquelle se plongent les combattants, l'existence aux Pays-Bas est ondoyante. Les acteurs de The Warm Shop se sont mis dans la peau de djihadistes. On entend l'un d'eux parler de ses idéaux, mais aussi de la vie ordinaire qu'il mène aux Pays-Bas, dans le salon de coiffure où il travaille. Les deux forces sont entremêlées chez une telle personne. Nous ne savons pas encore ce qu'il faut penser des jeunes qui veulent combattre Assad. À long terme, ne représentent-ils pas aussi un danger pour nous-mêmes ? Alors que nous formons nos pensées à leur sujet, il est bon de réaliser que les deux forces vivent en eux : la volonté de ne rien faire pour lutter contre l'injustice et le désir habituel de travailler dans leur salon de coiffure dans un environnement qui les accepte.

Reste à voir :
Samedi 21 juin, 21h ; avec une introduction de Florian Hellwig à 20h15
Mercredi 25 juin, 21h00 ; avec une introduction de Florian Hellwig à 20h15 et après la représentation : rencontre avec l'artiste Vincent Rietveld et Florian Hellwig.
Jeu 26 juin, 21h00 ; avec une introduction de Florian Hellwig à 20h15
Fri 27 June, 24:00
Lieu : Amsterdam Roest, Van Gendthallen

Maarten Baanders

Journaliste artistique free-lance au Leidsch Dagblad. Jusqu'en juin 2012, employée du marketing et des relations publiques au LAKtheater de Leiden.Voir les messages de l'auteur

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