L'émoi suscité par le travail d'appoint de Beatrix Ruf, ou plutôt son simple deuxième emploi, touche à quelques valeurs fondamentales importantes pour le bon fonctionnement de la société en général et du secteur culturel en particulier.
Tout d'abord, cette coopération est basée sur la confiance. Le conseil de surveillance était en droit de supposer que Ruf ne dirigerait pas une société de conseil en plus de son poste de directrice du Stedelijk Museum. D'autant plus que cela était expressément exclu par contrat. Le fait de ne pas déclarer cette entreprise est une faux pas qui ne comporte en fin de compte qu'une seule sanction : le licenciement immédiat. Que Ruf ait annoncé qu'elle se démettait de ses fonctions dans l'intérêt du musée est une solution tout juste formulée de l'intérieur, mais aussi trop froide pour être exprimée.
Aucune victime
Néanmoins, il est important de ne pas considérer le conseil de surveillance dans son fonctionnement comme trop victime des actions de Ruf. Au cours des dix dernières années, de nombreuses organisations culturelles sont passées d'un modèle de conseil d'administration à un modèle de conseil de surveillance. De même, de nombreuses institutions, dont le Stedelijk Museum, ont été corporatisées au cours des dernières décennies. Cette évolution est liée à l'importance accrue accordée à l'esprit d'entreprise dans le domaine culturel. On a donc pensé qu'une supervision à distance permettrait à une organisation meilleure et plus entreprenante de fonctionner plus efficacement. Toutefois, cela implique qu'un tel conseil de surveillance joue un rôle actif dans le contrôle des performances de son directeur et, en fait, de l'ensemble de la direction. Dans son rapport annuel 2016, le conseil de surveillance du Stedelijk Museum dit notamment ce qui suit :
Le conseil de surveillance a accordé à un certain nombre de questions une attention plus que moyenne au cours de l'année écoulée. Tout d'abord, dans son rôle d'employeur et de superviseur, un temps régulier a également été consacré cette année à donner des conseils à la direction.
et
Dans son rôle de supervision, le conseil a également accordé son attention habituelle à la gouvernance, aux finances et au développement, aux risques généraux et, au cours de l'année, également aux plans à long terme du musée. Le conseil de surveillance et la direction surveillent activement les risques potentiels.
Il est remarquable qu'avec cette orientation active de la part de la direction et l'attention portée aux Gouvernance n'est pas sorti que la directrice n'a apparemment pas respecté son contrat. Il y aura tous probablement des échappatoires juridiques qui se présenteront dans la période à venir. Par exemple, Ruf aura probablement laissé les bénéfices dans la BV (Affaires courantes) et ne les aura pas distribués à elle-même (en ce sens, il faut espérer pour elle qu'elle n'est pas l'unique actionnaire de la BV), donc sur le papier elle aura respecté le Code de gouvernance culturelle.
Connaissances
La question essentielle n'est donc pas de savoir si le conseil de surveillance était au courant de l'activité de Ruf et du conflit d'intérêts probable qui en découlait. La question principale est de savoir si, notamment en raison de la surveillance active des risques indiquée par le président de l'époque dans le rapport annuel, il aurait dû et pu savoir ?
Dans ce même rapport annuel 2016, la gouvernance et la répartition des rôles entre le directoire et le conseil de surveillance comprennent ce qui suit :
L'un des principaux piliers de la gouvernance du Stedelijk Museum est l'indépendance. Sur ce point également, le code est respecté. Le principe 8 se lit comme suit : Les superviseurs et les directeurs doivent éviter toute forme de conflit d'intérêts. Le conseil de surveillance y veille et discute et évalue les éventuels conflits d'intérêts au cours de ses réunions. Les décisions relatives à d'éventuels conflits d'intérêts seront mentionnées dans le rapport annuel.
La composition et les postes annexes des membres du conseil d'administration et du conseil de surveillance sont également soigneusement pesés.
Vingt postes auxiliaires
Il est intéressant de noter que dans ce contexte, il était apparemment considéré comme normal que Ruf occupe 20( !) postes annexes, ou en fait 21 si l'on inclut son activité de consultante. Il convient de noter que certains d'entre eux étaient des membres de jurys de prix d'art internationaux, mais qu'elle avait également un rôle dans le comité d'art de Goldman Sachs Headquarters Europe à Londres.
Il est d'ailleurs à noter que le plus grand organe consultatif de la ville d'Amsterdam lors de l'octroi de subventions pluriannuelles dans le cadre de l'infrastructure de base, le Conseil des arts d'Amsterdam, ne dit rien au sujet de la conduite. gouvernance. En tant que principal bailleur de fonds du musée, il aurait pu lui aussi jouer un rôle actif dans l'évaluation du projet. gouvernance, le rôle du conseil de surveillance et les responsabilités du directoire. Il est d'ailleurs à noter qu'une grande partie du conseil de surveillance, à l'exception, soit dit en passant, du président de l'époque, Ribbink, entre autres, a également raflé des postes annexes. Il semble donc qu'il s'agisse d'une culture dans laquelle il est normal de faire ce genre de travail à côté.
Poires au four
Pendant ce temps, le musée est dans le marasme : le directeur est parti, le directeur commercial vient de partir et le conseil de surveillance a effectivement tiré sur la corde. Que le secteur culturel en tire les leçons. En tant que conseil de surveillance, tu dois surveiller activement ton directoire, par ailleurs indépendant pour la plupart. Prends ce genre de choses au sérieux. Siéger au conseil de surveillance d'une grande et importante organisation culturelle n'est pas seulement honorable, c'est aussi une tâche qui comporte de grandes responsabilités.
Lors de la nomination de nouveaux membres, il faut tenir compte de la mesure dans laquelle le nouveau membre à nommer peut remplir activement ce rôle. Ainsi, "de nombreux postes annexes" n'est pas nécessairement un avantage. D'ailleurs, le Stedelijk Museum a un conseil de surveillance qui compte jusqu'à huit membres. L'ignorance ou l'inattention à l'égard des rôles de Ruf n'en est que plus pénible.
Bilan
Enfin, le secteur culturel, surtout parmi les grandes institutions, semble être allé trop loin dans son attitude corporative. Veille à un bon équilibre entre les membres du conseil de surveillance qui peuvent apporter un réseau et des financeurs potentiels, les membres qui connaissent le secteur (au niveau international) de l'intérieur et qui auraient donc pu savoir, par exemple dans ce cas, que Ruf était également active avec sa propre entreprise, et les membres qui peuvent correctement effectuer une tâche de contrôle spécifique. De cette manière, des situations telles que celle qui se produit actuellement au Stedelijk Museum pourront, espérons-le, être évitées.