Bis an der Welt ihr Ende est le titre poétique d'un CD de Per-Sonat avec des chansons allemandes de l'époque de la Réforme. Cet ensemble de la mezzo-soprano Sabine Lutzenberger se concentre sur la musique de... Moyen Âge et la renaissance. Ce CD retrace l'évolution de la chanson allemande depuis le réformateur de l'église Martin Luther jusqu'au compositeur Johann Hermann Schein. Cela a produit une collection attrayante de chansons, dont certaines s'avèrent étonnamment d'actualité.
L'argent contre Dieu
Martin Luther (1483-1546) a initié la Réforme en 1517 avec 95 thèses dans lesquelles il dénonçait les abus de l'Église catholique. Il dénonce notamment le commerce de ce qu'on appelle les "indulgences", des documents qui permettent aux pécheurs de racheter leur pénitence.
Le clergé gagnait beaucoup d'argent en faisant cela, une pratique que Luther abhorrait. Après tout, c'est à Dieu qu'il revient de pardonner ou non les péchés. De plus, il trouvait injuste que les riches puissent racheter leurs dettes alors que les pauvres étaient punis.
Bien que Luther ait rédigé sa dénonciation en latin, il a introduit la langue vernaculaire dans l'église. Il a lui-même composé des psaumes en allemand, comme le célèbre Ein feste Burg et Aus tiefer Not schrei ich zu Dir. Celles-ci ouvrent le CD et illustrent joliment la façon dont Luther voulait rapprocher l'église des gens.
Les chants sont compréhensibles non seulement en termes de texte mais aussi de musique pour le commun des mortels. Aux hymnes d'église polyphoniques habituels, il oppose une mélodie entraînante accompagnée par les accords simples d'un luth et de quelques cordes.
L'avidité pour l'argent à laquelle Luther s'oppose tant est chantée dans... Qu'est-ce que c'est que ça ? de son contemporain Ludwig Senfl (c 1490-1543). Dans ce joyau, une basse et une mezzo-soprano tissent gracieusement des lignes mélodiques sinueuses. Elles chantent des paroles telles que : "On ne part pas/ Vers la tombe/ L'argent, l'argent n'est que leur vie/ L'argent est leur Dieu. - Cette chanson aurait pu être écrite aujourd'hui.
Du psaume à la chanson d'amour
Les 20 chansons sont divisées en quatre thèmes, en commençant par Martin Luther et Ludwig Senfl, après quoi la musique prend un nouveau tournant avec le "Newe Teutsche Lied" d'Orlando di Lasso (1532-1594). Celui-ci parsème ses chansons d'influences italiennes lascives, avec des lignes vocales pimpantes et un accompagnement instrumental dansant.
De plus, ce qui est nouveau, c'est qu'il s'est inspiré de textes spirituels pour des compositions instrumentales, dont l'une a été enregistrée. Dans cette Motet sans texte 23 une mélodie entraînante du violon est accompagnée par des pincements vifs sur un luth. Elle est magnifiquement interprétée par Baptiste Romain et Marc Lewon.
Le thème suivant - "Lobpreis Gottes : Lieder von Hassler und Lechner" - a un titre quelque peu trompeur. En effet, il comprend des chants d'amour, tels que le poignant Mein Gmueth ist mir verwirret Par Hans Leo Hassler (1564-1612). Un homme "soupire et pleure" parce qu'il est rejeté par la femme dont la vue le conduit au "paradis". Il s'agit d'une 16e-L'équivalent au siècle dernier de l'œuvre de Schubert Gretchen am SpinnradeLe jeu de l'enfant est un jeu d'enfant, mais sans l'expression des sentiments typiquement romantiques et dramatiques.
Avec le thème final "Ausblick in die Neue Zeit", nous entrons dans l'ère baroque. Dans les chansons de Johann Hermann Schein (1586-1630), les lignes vocales sont déjà peu agrémentées de trilles et de coloratures. Pourtant, au final, les similitudes ressortent plus que les différences. Les mélodies le plus souvent délicates et les tempi lents dégagent un calme bienveillant, mais créent aussi une certaine fragilité.
La nostalgie de la rédemption
Cela va de pair avec le titre du CD, qui est tiré d'un couplet de la chanson lugubre. Ach Gott und Herr par Schein. Un croyant âgé y déplore le lourd fardeau de ses nombreux péchés. Personne ne peut l'en délivrer, même s'il a voyagé "bis an der Welt ihr Ende". Cette image évocatrice fait référence au besoin de l'homme de trouver la rédemption à la fin de sa vie.
Lutzenberger donne vie aux chansons grâce à son mezzo-soprano pur et à son interprétation habitée. Grâce à sa diction soignée, tous les textes peuvent être compris mot à mot. Dans les duos, l'Américano-allemand Joel Frederiksen s'avère être son partenaire idéal avec sa basse sombre.
L'accompagnement instrumental stylé et sans faille fait sonner les chansons de façon merveilleusement fraîche, comme si elles avaient été composées hier seulement. La qualité de l'enregistrement est également excellente : proche et pourtant spacieux, un vrai délice pour l'oreille. - Achète ce CD !