Nous traitons notre patrimoine culturel avec trop de désinvolture. C'est ce qui ressort du rapport "Réservé et impliqué", présenté lundi 30 septembre, rédigé par la commission Pechtold à la demande du ministre Van Engelshoven. En 110 pages (avec photos), ce rapport affirme que la conception actuelle de la loi sur le patrimoine conduit à l'arbitraire et à l'incertitude. Cela signifie que des situations peu recommandables, comme celle de la vente d'un dessin à la plume de l'artiste, peuvent se produire. Rubens par feu la princesse Christinapourrait se produire plus souvent.
Avec la loi sur le patrimoine, le cabinet Rutte II espérait débarrasser le ministère du Travail et des Affaires sociales d'un grand nombre de tracas. Des tracasseries qui étaient principalement causées par la fragmentation des règles et des comités dont relevait, jusqu'en 2016, la gestion de notre patrimoine. La loi sur le patrimoine est donc une bonne loi. Tout le monde le pense, y compris Pechtold, mais il note questions. Ainsi, la promulgation de la loi a également déterminé ce qui appartient à notre patrimoine culturel et ce qui n'en fait pas partie. C'est un peu étrange, observe Pechtold, car chaque année, non seulement nous produisons nous-mêmes un nouveau patrimoine, mais nous y ajoutons aussi des éléments nouvellement découverts. Comme ce dessin de Rubens.
Rapport
Étant donné qu'il appartient désormais uniquement au ministre de déterminer si un objet nouvellement découvert peut être considéré comme faisant partie de notre patrimoine, l'arbitraire est une conséquence possible. C'est pourquoi il faudrait tout simplement créer une autre commission chargée de veiller à cette question. Et quiconque souhaite vendre un objet patrimonial potentiel à l'étranger devrait l'enregistrer à l'avance. On évite ainsi de découvrir qu'un Rubens n'est vendu que lorsqu'il figure déjà dans le catalogue de la maison de vente aux enchères à l'étranger. Ce contrôle plus strict doit s'accompagner d'un accord généreux avec les particuliers qui possèdent un patrimoine national.
PS : Dans une version antérieure de cet article, j'ai fait un lien entre cet avis sur la loi sur le patrimoine et la protestation contre une autre mesure qui lui est liée. En effet, conformément à l'esprit de la loi, les musées d'État ne seraient plus couverts par le Plan pour les arts, qui les oblige à redemander des subventions tous les quatre ans. De même, une fois soumis à la loi sur le patrimoine, ils ne seraient plus soumis à des contrôles intermédiaires pour vérifier qu'ils respectent bien les conditions fixées.
Cette mesure a suscité de vives protestations au début de l'année. Le directeur d'Allard Pierson, Wim Hupperetz, a démissionné de son poste de président de la commission des musées et du patrimoine du Conseil de la culture.. Il a affirmé que le contrôle démocratique des politiques de ces musées était devenu impossible, donnant tout pouvoir à quelques directeurs de musées et au ministre. Ce n'est peut-être pas un problème si l'argent coule sur les plinthes, mais c'est un désastre si la bourse s'avère soudain vide.
Formellement, cette question n'a donc rien à voir avec l'avis de la Commission Pechtold. Cependant, cet avis met en lumière un principe plus profond, à savoir le risque que comporte la réduction de la pression réglementaire, mais aussi du contrôle démocratique sur notre patrimoine.
Lis le rapport complet ici :
DE_RELUCTANT_À_INVOLVED