Il fallait bien que le mythe prenne fin. Nan van Houte, ancienne directrice du petit théâtre Frascati d'Amsterdam, a enterré Action Tomato. S'exprimant lors de Requiem pour la tomate, le 4 novembre 2019, elle a été on ne peut plus claire sur le fait que cet événement légendaire s'est vu accorder une trop grande laisse par nos historiens du théâtre. Lorsque quelques tomates ont été jetées sur la scène longtemps languissante de la Comédie néerlandaise en 1969, il s'agissait au mieux d'un moment marquant, mais les changements qui lui ont été attribués avaient été mis en route depuis longtemps.
Van Houte s'est montrée très émotive, notamment lorsqu'elle a évoqué le désormais tout aussi mythique réviseur Loek Zonneveld. Elle a rappelé quelques détails de l'histoire à la foule rassemblée. Dans les années 1960, par exemple, on voyait depuis longtemps du théâtre innovant dans de petites salles à La Haye, Utrecht et Rotterdam. Seule Amsterdam était à la traîne. Elle a également souligné que la première promotion d'étudiants en art dramatique avait quitté l'école cette année-là. Ils cherchaient une application de tout ce qu'ils avaient appris. Ou une place dans les manuels qu'ils avaient étudiés. Et puis il y avait les communistes du conseil, qui voulaient apporter la Révolution culturelle aux Pays-Bas.
Rien n'a changé
Fantastique donc, que lors de la commémoration, le 4 novembre 2019, des "moments forts" de la discussion de 1969 aient été rejoués. Déconcertant de constater à quel point la discussion d'alors est presque identique à celle d'aujourd'hui. Il suffit de regarder les innombrables forums, symposiums et meet-ups qui ont désormais lieu dans les festivals. Ou encore les Débat sur le paradiso. L'art doit toujours faire toutes sortes de choses, cela n'a pas changé en 50 ans. En effet, comme l'a souligné Van Houte dans son discours : l'art doit peut-être faire de plus en plus de choses. Mais il peut en faire de moins en moins.
En fin de compte, le discours de Nan van Houte, que l'on peut entendre à partir de la minute 21 de la vidéo, a été très bien accueilli. podcastL'article de la loi sur l'égalité des chances, un grand hommage à Marga Klompé, la première femme ministre des Pays-Bas, a été publié dans la presse. C'est elle qui a planifié les changements introduits après 'Tomaat' il y a longtemps. La ministre, qui a également introduit la loi sur l'aide sociale, était une ministre de la culture dont on ne peut que rêver. Quelqu'un qui a le cœur large et qui tient compte de la liberté de l'artiste. En tant que membre du parti populaire catholique, elle n'a eu aucun mal à décerner un grand prix à Gerard Reve, peu après qu'il se soit attiré les foudres de la Hollande religieuse à cause du légendaire "procès de l'âne".
Dommages collatéraux
Grâce au discours de Van Houte, la soirée ne s'est pas transformée en une célébration d'un vieux succès. Le mythe de la "tomate" a été enterré : les changements étaient arrivés de toute façon, il n'y avait pas besoin de ces tomates, y compris les "dommages collatéraux" qu'elles ont causés dans la vie de la "vieille garde". Et ce peuple, pour lequel tout le monde était si enthousiaste en 1969, ce peuple, cette classe ouvrière, est aujourd'hui quelque chose dont les gens sur scène ont un peu peur.
Dans notre podcast brut, écoute le discours d'Ewald Engelen, qui l'explique à sa manière familière, suivi d'un extrait de la discussion reconstituée de 1969 et, enfin, du merveilleux discours de Nan van Houte.