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Grâce à Elfriede Jelinek, depuis le 9 juin, nous savons un peu mieux ce que c'est que d'être autrichien. #hf10

 Par Wijbrand Schaap (photo par Arno Declair)

Depuis le mercredi 9 juin 2010, les Pays-Bas ressemblent un peu plus à l'Autriche, même si nos montagnes se trouvent au sud-est et non à l'ouest. Et il y a une autre différence : nous avons le droit de montrer l'œuvre scénique du lauréat autrichien du prix Nobel. Elfriede Jelinek Le film est toujours visible, alors que l'écrivaine stricte l'a interdit dans son propre pays. Parce que, selon elle, le peuple ne le mérite pas. Parce qu'elle pense que ce sont des petits bourgeois à l'esprit étroit qui ont pu se vautrer trop longtemps dans leur statut de victime de la Seconde Guerre mondiale. Nous le savons aussi.

Comme aux Pays-Bas, avec l'escalade des années depuis l'Holocauste, les lignes entre le bien et le mal s'estompent, ce qui provoque une forte augmentation du nombre de cas à étouffer.

En Autriche, par exemple, il y a le meurtre de 180 prisonniers juifs, commis par une bande de fêtards ivres dans la ville disgracieuse de Rechnitz, deux jours avant la fin de la guerre. Une atrocité dont il reste remarquablement peu de témoins et dont les preuves ont été introuvables pendant des années.

Jelinek a écrit une pièce à ce sujet, qui peut être décrite au mieux comme une construction ingénieuse du langage, dans laquelle la banalité, l'hyperintellectualisme et les Bacchantes classiques d'Euripide s'entremêlent ici et là d'une manière inimitable. Jelinek, dont l'arme est le langage, fait en réalité en sorte qu'il soit impossible pour ses auditeurs d'être d'accord ou non avec quoi que ce soit. C'est un supplice, car elle ne nous permet pas d'être en colère contre les Autrichiens, qui, après tout, ne peuvent rien faire contre leur stupidité, mais nous ne pouvons pas non plus être en colère contre nous-mêmes, parce que nous sommes si désireux de nous sentir complices des crimes de nos ancêtres. Les orgies de violence, comme celles de Rechnitz, mais aussi celles de la Thèbes classique décrites par Euripide dans Bacchantes, ne peuvent pas non plus être attribuées à des puissances supérieures. Elles sont inscrites dans nos gènes et malheur à nous qui déclarons qu'elles appartiennent au passé, car elles peuvent se reproduire demain.

Nous voyons maintenant Jelineks Rechnitz dans le Festival de HollandeLe spectacle est interprété par les meilleurs acteurs du monde germanophone. Et c'est tant mieux, car si nous avions dû nous fier au seul metteur en scène Jossi Wieler, la soirée serait surtout passée à la postérité pour sa lourdeur. À la collection d'histoires de messagers qu'est Rechnitz, il ajoute une série d'actes qui n'est guère plus qu'un commentaire superficiel : des armes qui tombent, une pizza qui dégouline, un peu de sensualité et enfin une Sachertorte (gâteau au chocolat) qui finit plus sur les vêtements que dans la bouche.

La question est toutefois de savoir si c'est grâce à Wieler que la représentation reste distante. C'est aussi la faute de Jelinek qui ne veut pas vraiment nous faire entrer dans son œuvre exaspérante. Et cela te donne quand même l'impression d'être un peu plus autrichien, avant même que l'on connaisse le résultat de l'élection.

Vu : Rechnitz par le Kammerspiele de Munich, le 9 juin 2010 à l'hôtel de ville de Munich. Stadsschouwburg Amsterdam. Encore le 10 juin. Renseignements : www.hollandfestival.nl

Amélioré par Zemanta

Wijbrand Schaap

Journaliste culturel depuis 1996. A travaillé comme critique de théâtre, chroniqueur et reporter pour Algemeen Dagblad, Utrechts Nieuwsblad, Rotterdams Dagblad, Parool et des journaux régionaux par l'intermédiaire d'Associated Press Services. Interviews pour TheaterMaker, Theatererkrant Magazine, Ons Erfdeel, Boekman. Auteur de podcasts, il aime expérimenter les nouveaux médias. Culture Press est l'enfant que j'ai mis au monde en 2009. Partenaire de vie de Suzanne Brink Colocataire d'Edje, Fonzie et Rufus. Cherche et trouve-moi sur Mastodon.Voir les messages de l'auteur

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