De temps en temps, un metteur en scène de théâtre se lève et veut exposer le vide qui l'entoure. Qu'il s'agisse du vide en lui (ou elle) même, ce jeune metteur en scène le découvre généralement une vingtaine d'années plus tard, une fois qu'il est devenu un peu moins vide. C'est comme ça que ça se passe.
Il ne faut donc pas s'étonner que le jeune et exceptionnellement beau réalisateur polonais Grzegorz Jarzyna réalise une adaptation de l'œuvre de Mozart. opéra Don Giovanni. Après tout : cette pièce de théâtre musical parle d'un homme à la tête vide qui peut avoir toutes les femmes qu'il désigne et qui, par conséquent, finit mal. Qu'il s'agisse d'une adaptation moderne dans laquelle son ineffabilité juvénile veut parler de l'ennui et de la futilité de l'homme moderne ? Il fallait s'y attendre. Par conséquent, nous voyons un Don Giovanni sans Don avant lui, sans scrupules et sans illusions, mais avec quelques femmes nues, le sang nécessaire et l'opéra en arrière-plan.
Si seulement cela s'était arrêté là.
Mais non.
Pour accentuer la vacuité de nos vies modernes, Jarzyna fait entièrement réécouter l'opéra par les acteurs. Ils se synchronisent donc avec enthousiasme sur une version de Don Giovanni de Mozart qui n'est pas très bien chantée et interprétée. Au début, ont-ils encore fait quelque chose avec des relativisations extrêmes de textes connus ? Mozart-Après avoir écouté les airs, la direction s'est ralliée à la grandiloquence gothique du compositeur qui, plus tard, ne parviendrait pas à terminer un autre requiem célèbre. L'humour, pour autant qu'il ait été présent au début, a déjà quitté les lieux depuis longtemps.
C'était une soirée pourrie, cette dernière première pendant la. Festival de Hollande 2010. Une soirée qui vous laisse aussi très perplexe sur les raisons pour lesquelles Pierre Audi, lui-même metteur en scène d'opéra non démérité, a tenu à avoir cette adaptation d'opéra bancale, insipide et irréfléchie dans son festival. La pièce date également de 2006, elle a donc connu son meilleur temps sur les planches. C'est d'ailleurs ainsi que les acteurs se sont défendus : sans grand plaisir et un peu pudibonds, mais c'est peut-être là l'âme polonaise.
Mais ensuite, quand tu regardes qui sera à Toneelgroep Amsterdam Si vous pensez que Grzegorz va faire une mise en scène, le déclic se produit. Grzegorz lui-même rejoint le Toneelgroep Amsterdam pour mettre en scène Phaedra, et c'est donc probablement le chef du TA, Ivo van Hove, qui a chuchoté à son bon ami Pierre Audi de laisser nos amis polonais sortir cette vieille pièce de l'étagère. Pour que nous puissions déjà nous y habituer. À ce style qui, soit dit en passant, ressemble un peu au travail de Van Hove avant qu'il ne cesse de faire des plateaux de cinéma pour se consacrer exclusivement à la scène nue.
Bien. Nous attendons au moins un peu plus de contenu de la part de notre ami de Varsovie en novembre.