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Le théâtre est beaucoup plus apte à interpréter l'histoire que le cinéma. @RvanH écrit un essai sur Hannah et Martin au #TF2010

Hannah et Martin de Mugmetdegoudentand n'est pas seulement un spectacle qui réchauffe le cœur, interprété par une actrice phénoménale et une personnalité théâtrale inimitable, c'est aussi un casse-tête. Robbert van Heuven, critique de Trouw et spécialiste du théâtre, s'est senti mis au défi d'écrire un court essai en réponse à ce spectacle.


Par Robbert van Heuven

Les faits ne constituent qu'une petite partie de l'historiographie. Il est beaucoup plus important de savoir comment ces faits sont liés les uns aux autres, comment ils suggèrent des causes et des effets, et dans quel contexte ils s'inscrivent. Avant tout, c'est le narrateur et ses intérêts sous-jacents qui déterminent à quoi ressemblera l'histoire. Ce n'est pas pour rien que l'on dit que les vainqueurs écrivent l'histoire.

Et ensuite, tu peux transformer cette histoire compliquée en fiction. Dans un film, par exemple, ou dans une pièce de théâtre. À première vue, le film semble toujours être le meilleur support pour cela. Avec ses grands décors, ses masses de figurants, ses techniques numériques et ses... effets spéciaux un monde fictif peut être rendu presque palpable. Tu peux presque sentir l'odeur des figues de cheval, presque sentir le tranchant de l'épée qui fend. Mais, aussi bouleversante soit-elle, l'image historique d'un film est plutôt plate. Il ne fournit rien de plus qu'une vision particulière des événements historiques, à savoir celle qui convenait le mieux au réalisateur et au scénariste. Pourtant, en tant que média, les films sont si convaincants et réalistes qu'en tant que spectateur, tu as l'impression que "c'est comme ça que ça aurait pu être". Le film ne raconte pas les alternatives, les autres possibilités, le point de vue relatif du vainqueur. Le film montrer l'une des façons d'envisager les faits historiques, ne laissant aucune place à la réflexion sur l'exactitude de cet affichage.

Vidéo : Selon Hollywood, la guerre de Troie a été quelque chose d'énorme. D'autres nous disent que dans la vraie vie, seule une poignée de "héros" a terrorisé un village de Kleinazi. Pourtant, même l'écrivain Homère n'avait pas une connaissance directe de l'histoire de la chute de Troie.

C'est différent avec le théâtre. C'est moins adapté à la montrer de l'histoire, car sur scène avec un décor de château en carton, tu tombes à travers sans pitié. Le réalisme n'est pas le point fort de la scène. Le cinéma le fait mieux. Mais le théâtre, en revanche, est beaucoup plus adapté pour faire de l'histoire indiquer que le film.

Dans l'émission Hannah et Martin mugmetdegoudentand démontre sans faille à quel point le théâtre est une forme adaptée pour capturer des faits historiques instables et fluides. Le spectacle décrit la relation entre la penseuse et journaliste juive Hannah Arendt et le philosophe national-socialiste Martin Heidegger, mais surtout ce qu'en pensent les acteurs Lieneke (Rijxman) et Willem (De Wolf), qui veulent faire un spectacle sur cette relation.

Ils ne sont pas très unis dans cette démarche. Chaque fois qu'ils semblent être sur la bonne voie avec la reconstruction de l'histoire d'amour, un désaccord s'infiltre dans la scène. Lieneke est partisane de la pensée ouverte et tournée vers l'extérieur d'Arendt, tandis que Willem apprécie la pensée plus hermétique et introspective de Heidegger. Cela crée une tension stratifiée qui ne concerne pas seulement les acteurs, mais tout autant la relation entre les deux philosophes. Ou vice versa : il devient de plus en plus difficile de savoir quelle histoire les acteurs racontent maintenant : leur relation s'infiltre-t-elle dans celle d'Hannah et de Martin, ou la relation entre Hannah et Martin affecte-t-elle réellement la relation entre les acteurs Willem et Lieneke ?

Les acteurs créent cette superposition de faits et de fiction en jouant alternativement leur propre rôle, celui de Heidegger et d'Arendt, ou celui du professeur Wolf et de Lieneke, une étudiante de 18 ans. Cette dernière veut savoir quelque chose sur la relation entre les penseurs et rend donc visite au professeur, tout comme Arendt, âgée de 18 ans, a également rendu visite à son professeur Heidegger, beaucoup plus âgé qu'elle. Les moments les plus intéressants de la pièce sont ceux où ces couches se mélangent comme une aquarelle. Un commentaire de Lieneke, qui aime séparer le privé du public sur scène, se transforme en un entretien de Willem avec Arendt (interprétée par un Rijxman hors pair avec perruque, fausses dents surdimensionnées et cigarette). Lorsque, au cours de cet entretien, Arendt fait remarquer que le fait qu'elle soit juive n'a rien à voir avec la conversation, Willem pense que c'est Lieneke et non Arendt qui a fait cette remarque, ce qui fait qu'il est soudain question du fait que Rijxman est juive. C'est ainsi que sa vie privée devient involontairement publique, alors qu'elle avait fait cette remarque sur sa judéité en tant que personnage public (en tant qu'actrice jouant le rôle d'Arendt).

Le fait de changer constamment de perspective de cette manière crée une façon plus profonde de regarder. Le présent et le passé, ici et maintenant, puis et là-bas, glissent l'un sur l'autre comme deux feuilles de verre. Tu ne peux pas regarder le passé et le présent sans tenir compte de tes propres conceptions d'ici et de maintenant. Dans chaque tentative de reconstitution, l'ici et le maintenant transparaissent à travers les personnages historiques. C'est une forme qui aurait plu à Arendt, qui craignait de nier la multiplicité des points de vue qui composent l'histoire de l'humanité.

Cette façon de voir l'histoire convient parfaitement au théâtre. Au cinéma, le spectateur se perd sans esprit critique dans une réalité historique unidimensionnelle, mise en boîte en deux heures. Au théâtre, par définition, différentes réalités se croisent : celle de l'ici et maintenant et de l'unité du public et des acteurs, et celle de la réalité que les acteurs veulent nous faire imaginer. Ces réalités font Hannah et Martin transparent. Nous regardons de l'un à l'autre et prenons ainsi conscience de la relativité de l'histoire. Dans ce film, les réalisateurs en disent plus sur le passé et le présent que dans n'importe quel drame historique conçu de façon réaliste.

Cet article est une version adaptée d'un article rédigé pour le Corpus de la critique d'art.

Amélioré par Zemanta

4 commentaires sur "Le théâtre est beaucoup plus apte à interpréter l'histoire que le cinéma. @RvanH écrit un essai sur Hannah et Martin au #TF2010"

  1. Bon article qui rend certainement justice à l'éclat de la performance, mais :

    "Avec le cinéma, le spectateur se perd sans esprit critique dans une réalité historique unidimensionnelle et en conserve de deux heures."

    Oui, si tu ne regardes que des cochonneries hollywoodiennes comme Troie oui. Tu peux sûrement dire quelque chose sur le caractère unique du théâtre sans faire des remarques aussi ridiculement généralisantes.

    Les films de légion traitent du problème de la perspective et de la vérité. Un bon exemple récent est Hunger de Steve McQueen, qui dépeint l'époque des troubles en Irlande.

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