2014 a été l'année de The Fountainhead d'Ayn Rand, adaptation théâtrale primée d'Ivo van Hove. Cette année, cette performance a été surpassée par 'Passions Humaines', écrit par Erwin Mortier, magistralement conçu par Guy Cassiers. De nouveau au Holland Festival, confirmant sa place en tant que scène du grand débat sur l'art. Deux pièces dans lesquelles l'architecture, l'art et la vision sociale sont des thèmes. Et c'est là que s'arrête la similitude : Car Passions Humaines est bien plus profond, multicolore et riche que The Fountainhead.
Les pulsions humaines, ou Passions Humaines, ne concernent pas seulement la sculpture de ce titre, ce dont la pièce semble initialement parler. Erwin Mortier, lauréat de l'Ako et auteur de la pièce, s'est emparé de l'histoire étrange de cette œuvre de l'artiste. Jef Lambeaux pour décrire tout un siècle, tout un pays et tout un peuple. Et ce Belge le fait si proprement qu'il fait de l'ombre à l'œuvre pamphlétaire de la grand-mère américaine des néoconservateurs Ayn Rand.
En résumé : la sculpture Passions Humaines était déjà controversée lors de sa première présentation à Bruxelles en 1889 : pornographique selon les catholiques, innovante selon les libéraux. Le roi Léopold II, qui avait installé sa colonie privée... Congo avait pillé et massacré pour embellir Bruxelles, l'a néanmoins commandée. Il a chargé un architecte encore jeune et inconnu, Victor Horta, de construire une pavillon pour être construite autour d'elle afin qu'elle occupe une place d'honneur dans le parc du jubilé créé par le monarque amateur d'art.
L'architecte et le sculpteur ne se sont pas entendus sur les plans, et peu après son ouverture, le pavillon avec la sculpture à l'intérieur a été fermé au public. En 1967, le roi d'Arabie Saoudite a encore cédé ce coin oublié de la propriété privée royale au roi d'Arabie Saoudite, qui voulait y construire une mosquée, mais ce projet a échoué en raison des protestations de la population. Les "dérives humaines" encore obscures ont continué à se délabrer jusqu'à ce que le pavillon puisse enfin prétendre à une restauration en 2014. Cependant, les "dérives" elles-mêmes sont restées interdites jusqu'à la mi-mai de cette année.
Mortier fait du destin de la sculpture un symbole de la façon dont les Belges eux-mêmes ont toujours géré leurs propres sentiments et leurs sentiments nationaux. Deux des principaux personnages masculins, un critique et un syndicaliste, sont mêlés à une relation homosexuelle, alors que tous deux sont également mariés, mais il est également question d'anarchistes et de libéraux, d'amateurs d'art et de haineux, du roi et de sa maîtresse. Tout cela est subtilement mêlé à l'histoire politique de la Belgique, qui, dans les années 19e Le siècle dernier n'a été autorisé à exister qu'en tant que tampon entre la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France, notoirement querelleuses, et symbolise donc en fait l'idée européenne.
Jusqu'à quel point veux-tu qu'il soit d'actualité, sans pour autant l'étaler ? Le scénariste y parvient grâce à des dialogues au sang chaud, dans lesquels les passions se déchaînent sans jamais s'enflammer violemment, et la mise en scène le façonne comme un relief, avec des panneaux coulissants et des bruits d'orangerie tropicale dans le nord glacial. Guy Cassiers sait comme personne associer la beauté à l'éloquence. Il a déjà réussi à mettre en scène 'À la recherche du temps perdu' de Marcel Proust et a fait de même peu de temps après avec 'L'homme sans qualités' de Musil. De la grande littérature, de grands thèmes, mais une telle attention à la forme humaine que la profondeur vient presque naturellement.
Beaucoup trop de choses ont été écrites et dites sur le sens de l'art ces dernières années. Même en Belgique, l'austérité libérale oblige les artistes à faire de grandes excuses, des sermons à leur propre paroisse et des cris dans le désert. Une œuvre scénique comme Passions Humaines porte ces plaidoyers à un niveau supérieur. Elle montre aussi comment les riches et les puissants usent et abusent de l'art à leur profit.
Passions Humaines peut encore être vu au Stadsschouwburg d'Amsterdam ce soir (16 juin 2015), Informations.
Photo ci-dessus : Kurt van der Elst