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Le plus grand monument aux morts des Pays-Bas veut devenir le symbole de l'accueil des réfugiés.

Le Belgenmonument d'Amersfoort est le plus grand monument aux morts des Pays-Bas. Sa construction a commencé il y a cent ans. Il a récemment été restauré, mais n'a plus de fonction. Une nouvelle signification est recherchée.

Le centre d'architecture FASadE a lancé un concours à cet effet. L'objectif : redonner au monument de Belgen une signification nouvelle en tant qu'espace de vie. mémorial mais aussi comme un symbole de l'accueil des personnes déplacées contemporaines.

Le jury dirigé par le rédacteur en chef (belge) du NRC, Peter Vandermeersch, a choisi le projet "Museum for Hospitality" de l'architecte néerlandais Matthijs la Roi, basé à Londres. Reste à savoir si ce projet sera réellement mis en œuvre. Pour l'instant, les ressources financières manquent.

Agneau

Les monuments de la Première Guerre mondiale peuvent faire forte impression. Par exemple, quiconque a visité le Musée "In Flanders Fields" (Au champ d'honneur) à Ypres peuvent en témoigner. C'est une expérience glaçante qui reste à jamais gravée dans la mémoire.

Par rapport à la Musée "In Flanders Fields" (Au champ d'honneur) Le monument de Belgen est un agneau dans la prairie. Pas d'obus qui explosent, de soldats qui hurlent, d'attaques au gaz ou autres misères impitoyables. Au contraire. Une dame promène son chien. Un vététiste passe à toute allure. Un monsieur muni d'une canne profite paisiblement du soleil d'automne sur un banc.

Les souvenirs de la Première Guerre mondiale et des réfugiés belges qui ont construit le monument ne pouvaient pas être plus éloignés en ce bel après-midi d'automne.

Neutralité

Pendant la Première Guerre mondiale (si justement appelée La Grande Guerre par les Belges), près d'un million de civils et de soldats belges se sont réfugiés aux Pays-Bas. Les soldats ont été enfermés dans des camps d'internement répartis dans tout le pays. Un pays neutre comme les Pays-Bas devait s'assurer qu'ils ne pouvaient plus prendre part à la bataille (par exemple en se rendant en Angleterre). Le gouvernement néerlandais s'est acquitté méticuleusement de cette tâche, de peur d'être encore impliqué dans la guerre.

Les soldats étaient enfermés à Amersfoort dans des baraquements beaucoup trop petits. Les installations sanitaires étaient insuffisantes, ils s'ennuyaient et n'avaient pas le droit de quitter l'enceinte de la caserne. Cela a donné lieu à des incidents, dont le point culminant a été une fusillade à cause d'une prétendue tentative d'évasion, au cours de laquelle huit Belges ont été abattus.

Pour remédier à l'ennui, des écoles de travail ont été créées. Plus tard, les internés ont été autorisés à vivre et même à travailler en dehors des camps, à condition bien sûr que cela ne se fasse pas au détriment des emplois néerlandais. En 1916, les écoles de travail ont proposé de construire un monument, "en hommage au gouvernement néerlandais et à la nation, pour tout ce qui a été fait pour le bien des internés et de leurs familles".

L'endroit choisi était le sommet de la montagne Amersfoort (alors dénudée). Un endroit qui offrait une large vue, jusqu'à Utrecht et le Zuiderzee. Le monument serait visible par tous et de loin.

Beeldhouwwerk op het Belgenmonument. Foto: Bert van As.
Sculpture au monument de Belgen. Photo : Bert van As.

Équilibre

L'architecte belge Huib Hoste s'est réfugié aux Pays-Bas à cause de la guerre. À Amsterdam, il a fait la connaissance de Berlage, surtout connu pour son Beurs sur le Damrak. Un bâtiment au design rationaliste strict avec beaucoup de sculptures. Pendant ce temps, le Scheepvaarthuis est construit sur Prins Hendrikkade : le point de départ de l'école d'Amsterdam. Les architectes (dont Joan van der Meij et Piet Kramer) ont fait un usage décoratif de la brique, en réaction au style austère de Berlage. La sculpture a également joué un rôle important chez eux. Hoste n'avait qu'une envie : transformer ses impressions en une nouvelle structure. L'occasion s'est présentée lorsqu'il a été sollicité pour le Belgenmonument.

Il a opté pour une conception avec un bâtiment principal et un mur inférieur. L'ensemble était construit en pierre de construction et devait respirer l'équilibre, contrebalançant le chaos de la guerre. Lors des belles soirées d'été, le soleil couchant illuminait la façade. Les deux objectifs du monument étaient ainsi symbolisés : les rayons du soleil soulignaient la gratitude pour l'aide néerlandaise apportée aux réfugiés. Les ombres incarnaient la souffrance du peuple belge.

Les vignes

Le mur contient une sculpture de Hildo Krop. Il montre des hommes et des femmes qui fuient et tentent de sauver leurs bébés. Les Pays-Bas accueillent les réfugiés avec de la nourriture et des livres. La partie droite du mur est réservée aux victimes de la guerre : des hommes au cou brisé, attaqués par des baïonnettes, se tenant la tête.

Le bâtiment principal a une apparence moins violente. C'est l'artiste suisse François Gos qui a créé les sculptures à cet effet. Une femme aux cheveux longs et aux mains croisées au milieu des vignes symbolise la paix. Un soldat a les mains sur la charrue, une femme porte une gerbe de blé sur ses épaules. Entre les deux, un groupe d'enfants se tient par la main.

À la fin de l'année 1917, le monument était terminé. En raison des tensions d'après-guerre entre les Pays-Bas et la Belgique, il a fallu attendre le 22 novembre 1938 pour qu'il soit officiellement remis, lorsque le roi Léopold III a visité le monument en compagnie de la reine Wilhelmina.

La question des réfugiés

Au départ, le mémorial monumental était une attraction touristique, principalement en raison de la belle vue qu'il offre depuis le sommet de la montagne d'Amersfoort. Les internés belges se réunissaient régulièrement devant "leur" mémorial. Mais au fil des ans, il est tombé de plus en plus dans l'oubli, malgré plusieurs rénovations et sa désignation comme monument national. Un carillon a été installé au sommet de la colonne centrale, et ce n'est que pendant les cours de l'école de carillon d'Utrecht que le mémorial s'est fait entendre.

Jusqu'à cet automne. La municipalité a organisé un vaste programme culturel et éducatif sur le Belgenmonument et le séjour des réfugiés belges au Keistad. Un lien a été fait avec les problèmes actuels des réfugiés.

Des réfugiés syriens étaient présents lors du service commémoratif officiel. Des expositions de photos dans la ville ont montré non seulement des images d'il y a cent ans, mais aussi des réfugiés contemporains. Le programme de théâtre 'Souvenir d'un vol' a formé une collaboration entre des artistes néerlandais, belges et syriens. Le centre d'architecture FASadE a lancé un concours dont le lauréat est "Museum for Hospitality" de Matthijs la Roi.

Artist's impression van 'Museum voor gastvrijheid'. Matthijs la Roi.
Impression d'artiste du "Musée de l'hospitalité". Matthijs la Roi.

Pavillon d'information

Le rapport du jury a fait l'éloge du "langage des formes sculpturales" de la conception. Les formes rondes s'écartent du bâtiment principal de Hoste, au design épuré. Mais la brique et la pierre naturelle lui correspondent. 'Le nouveau volume à ajouter', a déclaré le jury, 'entre clairement en dialogue avec le monument existant et donne de nouvelles impulsions à l'existant, tant au mur qu'au bâtiment principal, tout en laissant le monument historique existant entièrement intact.'

Comme le montre l'illustration, La Roi prolonge le monument existant par un "pavillon" qui fournit des informations sur le Monument aux Belges, les réfugiés belges et les réfugiés contemporains.

Le "musée" de l'hospitalité verra-t-il le jour ? L'argent nécessaire fait encore défaut. Un collaborateur de la FASadE parle d'un choix conscient à cet égard : "Après tout, la collecte de fonds fonctionne beaucoup mieux sur la base d'un projet inspirant, dont un large groupe perçoit la valeur ajoutée. D'ailleurs, des entretiens exploratoires ont déjà eu lieu, notamment avec un fonds culturel, et des contacts ont également été pris avec la province.'

À l'ancienne ?

Pour l'instant, le calme est revenu au sommet de la montagne d'Amersfoort. Le Belgenmonument semble aussi oublié qu'il l'a été au cours des dernières décennies. Le projet de Matthijs la Roi changera-t-il la donne ? Le mémorial oublié gagnera-t-il une nouvelle identité en tant que "musée de l'hospitalité" ? Deviendra-t-il un symbole pour l'accueil des personnes déplacées, d'hier et d'aujourd'hui, à Amersfoort et dans tous les autres endroits du monde ? Espérons-le.

Mais pour l'instant, il n'y a guère de signes en ce sens. Le vététiste a disparu de la vue, le chien aboie après la dame et le monsieur à la canne profite encore du soleil d'automne sur le banc.

Bon à savoir
Hans Zijlstra a écrit un livre richement illustré sur les 100 ans du Belgenmonument à Amersfoort. Il est en vente au prix de trois euros chez Archief Eemland.

Une exposition de peintures, de sculptures et de dessins de l'artiste belge Rik Wouters est présentée au musée Flehite d'Amersfoort jusqu'au 8 février. Il a débarqué à Amersfoort en 1914, après la bataille d'Anvers.

Onno Weggemans

Chez CulturePress, je combine ma passion pour la culture et mon amour de l'écriture. J'ai un large intérêt pour la culture et je vise un large public. J'aime choisir un angle personnel et j'aime expérimenter de temps en temps en termes de forme.Voir les messages de l'auteur

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