Lorsque le Commendatore se lève soudainement de son cercueil dans la morgue, Leporello recule violemment. Il se cogne douloureusement contre le mur du fond, comme s'il était frappé par une rafale de vent de la force d'un ouragan. Cette image caricaturale n'est qu'un des nombreux moments hilarants de la pièce. Don Giovanni par la Nederlandse Reisopera. Cette production a été récompensée à juste titre par des applaudissements nourris après sa première le samedi 4 mars au Wilminktheatre d'Enschede.
Candidat à la meilleure production d'opéra de 2017.
La mise en scène contagieuse de l'opéra populaire de Mozart est déjà candidate au titre de meilleure production d'opéra de 2017. Elle souligne une fois de plus la qualité et la résilience de la Reisopera. En raison de coupes dramatiques dans les subventions, l'équipe a été réduite de 95 à 13 personnes en 2012, comme l'a rappelé le metteur en scène Nicolas Mansfield lors de la présentation à la presse qui a précédé.
Moins, c'est plus
Moins, c'est plus est la devise depuis lors. Le metteur en scène britannique Jo Davies s'est également révélé excellent dans ce domaine. Par exemple, les personnages apportent leurs propres accessoires. Ainsi, Don Giovanni apparaît avec sa propre cabine téléphonique et un clochard fait la sieste sur un canapé qu'il a lui-même apporté. Avec quelques poignées simples, le décor passe d'un taudis miteux à un parc de gitans, une baie d'hôpital, une église ou une cantine, même au cours d'une scène.
Rythme agréable de la mise en scène et de la musique.
Davies maintient bien l'élan. Il en va de même pour le chef d'orchestre Julia Jones, qui guide habilement l'Orchestra of the East à travers la partition. Les dernières notes d'un air n'ont pas encore retenti que le pianiste William Shaw est déjà en train d'accompagner le récitatif. Il est placé bien en vue à gauche de la scène et son pianoforte a un son agréablement tintinnabulant, qui se perd cependant dans les passages orchestraux.
L'image d'ouverture est très parlante. Une voiture de collection oscille de haut en bas de façon suggestive et, après un court instant, vomit une Donna Anna peu vêtue. Le Don Giovanni masqué tente de la ramener dans la voiture, ce que le Commendatore essaie d'empêcher. Le coureur de jupons tue le père d'Anna avec une sarbacane, au moment où de solides vapeurs de poudre nous envahissent le nez. Une équipe d'ambulanciers arrive sur scène avec une civière et emporte le Commendatore. - Hop, scène suivante.
La fièvre du samedi soir
La caractérisation du couple de gitans Zerlina et Masetto, qui font la fête autour d'une caravane dans des tenues des années 70, est également frappante. Lorsque Don Giovanni tente de déjouer sa nouvelle femme, il s'emmêle dans ses interminables jupons de tulle. La scène dans laquelle les fêtards sont les invités de Don Giovanni est également comique. Au rythme de la musique de Mozart, ils font des pas de danse ignobles avec des mouvements de main en torsion idem. Ceux-ci semblent tellement empruntés au film de danse La fièvre du samedi soir.
Vêtements tendance
Le Reisopera a du flair pour les jeunes talents. La soprano australienne Anita Watson est convaincante dans le rôle de Donna Anna. Son interprétation du récitatif et de l'aria 'Non dir mi' au deuxième acte est particulièrement émouvante. Son fiancé Don Ottavio est incarné avec bienveillance par le ténor maltais Nico Darmanin et la soprano suédoise Anne Grevelius est une Elvira agréablement turbulente.
Elle et Donna Anna, avec leurs vêtements de garce et leurs chaussures de marche laides, ressemblent à des akelas sévères. - Peut-être une allusion à la convoitise insatiable de Don Giovanni, qui, témoin Leporello, le fait avec toutes les dames : jeunes ou vieilles, grosses ou maigres, belles ou laides.
Golem monstrueux
Le baryton-basse autrichien Matthias Hoffmann possède une belle sonorité. Il incarne un Masetto qui ne laisse pas Don Giovanni sonner sans se battre. Dans le rôle du Commendatore, la grande basse polonaise Lukas Jakobski ressemble à un Golem monstrueux. Malheureusement, sa voix est un peu moins terrifiante que son apparence.
Le baryton slovaque Aleš Jenis incarne un Don Giovanni plein de cran, qui poursuit sans scrupules ses plaisirs mais qui, en fin de compte, doit rendre des comptes. Lorsqu'il accepte la main que le Commendatore lui tend depuis sa tombe, il accepte sa propre mort. La mise en scène reflète ici magnifiquement la scène d'ouverture : une armée d'infirmières déboule sur la scène et tente en vain de le réanimer. - Ou bien lui font-ils simplement l'injection fatale ?
Zerlina comme alter ego de Don Giovanni
Les plus grandes stars sont le baryton britannique George Humphreys dans le rôle de Leporello et la soprano norvégienne Silvia Moi dans le rôle de Zerlina. Humphreys façonne les nombreux doubles sens de son personnage avec une voix et des expressions faciales fabuleuses. Habillé en Don Giovanni, il séduit la triste Elvira en lui cachant son visage avec une panoplie de gestes maladroits. Au cours du célèbre "catalogue aria", il retient son souffle, choqué par les plus de mille conquêtes espagnoles de son maître. Puis le "Mille tre", à la fois étonné et admiratif, retentit doucement.
La soprano norvégienne Silvia Moi dispose d'un arsenal d'émotions et d'expressions faciales tout aussi impressionnant. Elle sait vraiment comment donner de la chair sur les os à son rôle de jeune femme calculatrice qui préfère manger de tous les côtés. En substance, elle est un alter ego de Don Giovanni, qui parvient à reconquérir son Masetto bien-aimé encore et encore avec des phrases douces comme la taupe et apparemment coupables.
L'Orchestre de l'Est et le chœur Concensus Vocalis se produisent à un niveau élevé sous la direction décidée de Julia Jones. La dynamique est soignée, les accents dramatiques sont très nets et le son est agréablement léger et mozartien. Les accords dissonants très marqués de la scène finale entre le Commendatore et Don Giovanni nous font peur.
La Reisopera tourne avec Don Giovanni à partir du 7 mars à travers notre pays. - Ne manque pas cette magnifique représentation !
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