YXIE a été abattu. Ce n'est peut-être pas une grande nouvelle nationale, mais c'est un autre de ces nombreux exemples flagrants qui montrent à quel point le vent est morose dans le paysage culturel.
YXIE, le mot vient de l'esprit du poète-peintre Lucebert, l'un des artistes du mouvement COBRA. C'est aussi le nom d'un nouveau centre pour le mot, l'image et le son à Alkmaar. Il devait non seulement abriter la collection de Lucebert, mais aussi la maison du film et le théâtre Provadja, qui luttaient depuis longtemps contre l'exiguïté des locaux. Une idée brillante, en fait. Les idées de Lucebert, décédé en 1994, allaient ainsi devenir la source d'inspiration d'un nouveau centre culturel frais et vivant qui, avec un peu d'ingéniosité, pourrait même prendre une allure internationale.
Jusqu'à hier soir. "Un jour noir pour la culture à Alkmaar", a conclu le président du parti PvdA, Paul Verbruggen, après avoir discuté toute la soirée, mais en constatant néanmoins que le conseil municipal allait tirer un trait sur YXIE. Attention, ce n'était pas la première fois que le conseil se prononçait sur YXIE. En 2008, le plan élaboré en étroite collaboration avec le conseiller culturel de l'époque, Hans Meijer, avait été approuvé par le conseil municipal. De généreuses contributions de sponsors ont été obtenues, les travaux ont fait l'objet d'un appel d'offres, le site a été préparé pour la construction et une belle collection d'œuvres de Lucebert a depuis été commandée par un donateur anonyme.
Tout cela, plus un plaidoyer venant de milieux insoupçonnés, à savoir d'un représentant du monde des affaires, n'a pas pu empêcher la nouvelle réalité politique de s'affirmer durement hier. Avec l'entrée en fonction d'un nouveau collège de B&W depuis mars 2011, un vent nouveau souffle. Les partis qui doutaient de la viabilité financière d'YXIE il y a trois ans ont désormais la majorité et, avec un rapport de recherche controversé à l'appui, ne se sont même pas laissé convaincre de souffler un peu. Les épiciers ont saisi l'occasion d'affirmer leur pouvoir. C'est comme si Lucebert, avec sa célèbre phrase "tout ce qui a de la valeur est sans défense", avait déjà prévu tout cela.