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Bach et Moore, une combinaison sublime

Jean-Sébastien Bach et Kate Moore dans un même programme de concert. Avec ce choix pour le cinquième épisode de sa série 'Cello 020', la violoncelliste Lidy Blijdorp se surpasse une fois de plus en matière d'originalité. Et l'effet de ce choix est phénoménal.

Une interaction renforcée

Non seulement elle réunit des œuvres de deux compositeurs complètement différents, mais elle renforce encore l'interaction en interprétant leur musique en alternance. Cela crée une interaction dans laquelle les compositeurs libèrent des qualités particulières dans leurs œuvres respectives. Bach et Moore se laissent mutuellement s'épanouir, notamment dans l'interprétation de Lidy Blijdorp et de deux membres du trio Villa Stolz : Jellantsje de Vries (violon) et Marieke Schut (hautbois alto).

Souple, habitée et d'une douceur raffinée, Lidy Blijdorp joue les six mouvements de la cinquième suite de Bach pour violoncelle seul. C'est une musique sombre et introvertie. Pourtant, Blijdorp parvient également à mettre quelque chose de léger et d'argenté dans les tons. Cela signifie que, aussi retenue que soit la musique au début, le son devient bientôt expansif et couvre tout l'espace de l'Amstelkerk avec sa belle acoustique.

Histoire

Du début à la fin, Blijdorp s'identifie aux tournures magistrales de la musique de Bach. L'aspect visuel - c'est-à-dire la façon dont tu la vois jouer - est tout à fait cohérent avec son interprétation de cette musique. Elle regarde autour d'elle comme si elle se promenait dans une forêt et voit avec émerveillement une note après l'autre suspendue aux arbres. Elle connaît les notes sur le bout des doigts, et pourtant elle y met la tension d'une découverte qui suscite la curiosité. Le jeu de Lidy est une histoire.

photo Maarten Baanders

Dans cette atmosphère intime, Marieke Schut et Jellantsje de Vries entrent en scène après chaque mouvement de Bach. Leurs sons clairs et raréfiés se marient à merveille avec le violoncelle. Le fait que les deux jouent d'abord dans les passages les plus élevés autour de l'auditoire est une invention judicieuse. Cela renforce l'effet spatial poignant de la musique de Moore.

Contact à distance

Les sons raréfiés avec lesquels s'ouvre 'Mystic Trumpeter' te donnent l'impression qu'une voix prend contact depuis un lointain au-delà. Plus tard, dans 'Tarantella', l'interaction avec le violoncelle, qui commence doucement, monte en puissance. La solitude de Bach a cédé la place à des harmonies intensément entrelacées. La musique de Moore donne l'impression de vouloir pénétrer dans toute la croupe.

photo Rina Blijdorp

C'est là que réside la particularité de l'alternance entre Bach et Moore. Chaque fois, après la réclusion, l'espace est ouvert. Et à chaque fois, un retour s'ensuit. En particulier, les lignes descendantes de la Sarabande sont une belle expression de l'intériorisation, de l'approfondissement en soi.

Mouvement respiratoire

Cela donne au programme un mouvement de respiration entre le profond et le large, entre le fermé et l'expansif. C'est une très bonne chose que ce mouvement ne soit pas interrompu par une pause. Sinon, à partir de cette respiration, le développement vers la scène finale tempétueuse n'aurait jamais pu se développer aussi magnifiquement. La Gavotte et la Gigue de Bach apportent déjà un caractère plus ouvert. Lorsque les cinq œuvres de Moore suivent - le spirituel 'Telephone', la 'Dance', le féroce 'Dies Irae', le nostalgique 'Journeyers' et le tonitruant 'Apple Tree' - l'espace est conquis avec conviction.

photo Maarten Baanders

La conquête de l'espace

Quelle merveilleuse surprise lorsque, dans la dernière partie, deux danseurs - Luana van Eekeren et Luca Cacitti - viennent sur le sol et laissent les sons souffler dans l'espace. Ils ont une belle interaction qui ajoute de la couleur à la tension de la musique. Les musiciens changent également de place et adoptent parfois des postures de danse. Luana van Eekeren s'avère également capable de chanter "Journeyers", une chanson sur les voyages sans fin.

photo Maarten Baanders

L'été

Le programme est consacré au 21 juin, le début de l'été. Lorsque l'on choisit un tel thème, beaucoup de gens pensent rapidement aux rêves nocturnes de la Saint-Jean et aux sons ensoleillés. Dans ce programme, le thème n'est pas si en surface. Il s'agit plutôt de ce que tu ressens intérieurement à la perspective de la saison estivale. Ce que tu ressens, c'est le passage de la petitesse et de la dissimulation à l'ouverture. La sensation que tu éprouves lorsque le temps de la liberté arrive. Le vaste monde s'ouvre devant toi. Le saut vers un sentiment intemporel.

Bon à savoir Bon à savoir
Vu : 21 juin, Amstelkerk, Amsterdam 

Pourquoi Lidy Blijdorp mérite-t-elle toute l'attention ?
La saison dernière, j'ai suivi la série 'Cello 020' de Lidy Blijdorp et j'ai publié à chaque fois ma réaction sur Culture Press. Il est frappant de constater que cette série n'a par ailleurs pas été reprise par la presse aux Pays-Bas. Dans tous les épisodes, j'ai eu le sentiment de voir à l'œuvre une violoncelliste qui non seulement joue bien, mais ose aussi emprunter une voie très personnelle en choisissant des programmes idiosyncrasiques, très originaux dans la composition et le choix des thèmes. Chaque fois, elle a cherché à collaborer avec des musiciens, des conteurs et des danseurs différents, avec lesquels, sans exception, elle a réussi à développer une alchimie contagieuse. J'ai écrit sur 'Cello 020' parce que je suis convaincue que ce que propose Lidy Blijdorp se démarque des autres offres musicales et que beaucoup de gens trouveront ses spectacles spéciaux.

Maarten Baanders

Journaliste artistique free-lance au Leidsch Dagblad. Jusqu'en juin 2012, employée du marketing et des relations publiques au LAKtheater de Leiden.Voir les messages de l'auteur

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