Après l'attaque brutale contre le personnel de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo Hier, à Paris, des journalistes, des caricaturistes, des hommes politiques et le grand public se sont mobilisés dans le monde entier pour défendre la liberté d'expression. De nombreuses premières pages des journaux d'aujourd'hui ont montré les caricatures pour lesquelles le rédacteur en chef Charb (Stéphane Charbonnier) et 11 autres personnes ont été sauvagement assassinés par Said et Cherif Kouachi, deux frères âgés d'une trentaine d'années. (Un troisième suspect, Hamyd Mourad, 18 ans, affirme qu'il était à l'école au moment des meurtres, ce que confirment ses camarades de classe).
Certains médias ont condamné l'acte lui-même, mais ont recadré des photos de Charb tenant des couvertures de Charlie Hebdo représentant Mahomet. Parmi ceux qui ont flouté ou recadré les photos figurent l'Associated Press, le New York Daily News, le Telegraph et la chaîne de télévision CNN, qui jouit d'une grande influence. Dans une note interne adressée au personnel, le directeur de la rédaction, Richard Griffiths, a écrit ce qui suit :
Bien que nous ne montrions pas pour l'instant les caricatures du prophète de Charlie Hebdo, considérées comme offensantes par de nombreux musulmans, les plates-formes sont encouragées à décrire verbalement les caricatures en détail. Cette description est essentielle pour comprendre la nature de l'attaque contre le magazine et la tension entre la liberté d'expression et le respect de la religion.
Les vidéos ou images fixes de manifestations de rue montrant des Parisiens brandissant des exemplaires des caricatures choquantes, si elles sont prises en plan large, sont également acceptables. Évitez les gros plans qui rendent les caricatures clairement lisibles.
Il est également possible de montrer la plupart des caricatures de protestation qui circulent en ligne, mais il faut veiller à éviter les exemples qui contiennent des représentations détaillées des caricatures de Charlie Hebdo.
Cette position n'est pas seulement une gifle pour les victimes, mais aussi une atteinte à l'essence même de la vie dans un monde libre, résumée dans une citation (faussement) attribuée à Voltaire :
Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusqu'à la mort votre droit de le dire.
Nous devons continuer à défendre nos convictions avec fermeté et unité, et ne jamais céder à la peur et à l'intimidation. Pour parler avec Hendrik van Randwijk, un leader de la résistance néerlandaise pendant la Seconde Guerre mondiale :
Un peuple qui succombe à la tyrannie perd plus que la vie et les biens, il tue la lumière.
Le comportement lâche de médias tels que CNN constitue une nouvelle page noire dans l'histoire du journalisme indépendant. J'espère sincèrement qu'ils reviendront sur leurs pas et publieront finalement les caricatures dans leur intégralité.